Chroniques

Eusèbe-Henri Ménard : la foi du semeur qui croit en la récolte

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Chroniques

13 novembre 2019

Que ce soit au Québec ou en Amérique latine, le père Eusèbe-Henri Ménard a passé sa vie à semer amoureusement les grains de sénevé. Sa confiance en Dieu l’assurait dès le départ du résultat, même s’il n’a pas toujours eu la partie facile.

 

Il leur proposa une autre parabole, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches.

Mathieu, 13, 31-32

 

 

Générosité et altruisme

 

Henri Ménard (Eusèbe est le prénom qui lui sera attribué en religion) est né en 1916. Ses parents étaient Charles Ménard et Marie-Anna Labbé, deux fiers Beaucerons qui se sont d’abord rencontrés dans le Maine, aux États-Unis. Ils ont mis au monde neuf fils et deux filles en dix-huit ans. Henri, le sixième, se démarque très jeune par sa générosité et son altruisme.

Une anecdote amusante, racontée par l’un de ses biographes, Paul Longpré, en dit long sur cette compassion pour les autres. Lorsqu’il allait faire des courses à l’épicerie, il revenait vers sa mère en lui disant : «J’ai rencontré un quêteux et je lui ai donné les sous; il en avait tellement besoin, maman!»

De toute évidence, Marie-Anna, devant la sensibilité de son fils, a vite compris que «son budget s’en porterait mieux si elle confiait les courses à un autre de ses rejetons».

 

Le père Ménard au Pérou

Humaniser et évangéliser

 

Tout le reste de sa vie, Eusèbe-Henri Ménard est demeuré ce petit garçon qui voyait si bien les besoins des autres, avant même les siens propres. Adolescent, il annonçait déjà l’œuvre immense qu’il allait léguer.

Certes, de par son statut de prêtre et de représentant de l’Église, il devait veiller à prêcher l’Évangile, trouver dans les pages de la Bible les valeurs et les espoirs susceptibles d’inspirer et d’insuffler les paroles divines pour une vie meilleure sur cette Terre.

Mais sa vision était tintée d’un pragmatisme éclairé. «Il faut se présenter avec la croix d’une main et un morceau de pain de l’autre», affirmait-il.

 

Le père Ménard au foyer Hogar San Pedro, qu’il a fondé au Pérou pour prendre soin des personnes pauvres, malades et abandonnées

 

Président de la FPM de 1986 à 1995, Pat di Stasio l’a bien connu. En 1946, alors qu’il se cherchait un but dans la vie, le vicaire de sa paroisse, à qu’il avait fait part de ses préoccupations, l’a dirigé vers un père franciscain qui allait ouvrir une école apostolique pour les vocations dites tardives. C’était le père Ménard.

« Il recevait des adultes attirés par la prêtrise et qui se voyaient mal retourner sur les bancs d’école avec des jeunes de treize, quatorze ou quinze ans. À ma première rencontre, j’ai été impressionné par sa stature et son sourire et cette image de bonté en lui. J’ai passé une année dans l’institution et lorsque j’ai décidé de partir puisque je n’avais pas trouvé exactement ce que j’y cherchais, il m’a dit : ‘Je sais très bien que ce que tu as appris ici te servira toute ta vie’… et c’est ce qui m’est arrivé», raconte Pat di Stasio.

Le père Ménard croyait profondément à la formation, celle qui ressemble beaucoup plus à de l’inspiration qu’à une transmission de connaissances.

 

Il ne s’agit pas de faire tout le travail soi-même, mais d’inspirer des apôtres : prêtres ou laïcs. Il s’agit d’être comme un pont vivant de charité entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas.

Eusèbe Ménard

 

 

Cet homme à la fois humble et plus grand que nature, cet émule de François d’Assise, avait la foi du semeur qui croit en la récolte et, bien entendu, en la Providence. C’était un visionnaire qui a laissé de nombreuses traces de son passage, qu’il s’agisse d’écrits, de témoignages, de gestes posés, de rencontres.

Pour lui, l’évangélisation était un moyen et non un objectif. Et son amour d’autrui, un besoin essentiel, une merveilleuse et contagieuse raison de vivre.

La vie du Père Ménard

 

1916 – Naissance du Père Eusèbe Ménard

1941 – Ordination

1946 – Création de l’Œuvre des Saints-Apôtres

1962 – Départ du Père Ménard du Canada et fondation de la Société des Missionnaires des Saints-Apôtres au Pérou

1966 – Ouverture du Grand séminaire des Missionnaires des Saints-Apôtres en Colombie

1967 à 1986 – Fondation de plusieurs œuvres de formation et d’aide humanitaire au Pérou et en Colombie

1987 – Décès du Père Ménard à Montréal

 

Pour savoir plus :

 

LONGPRÉ, Paul. Eusèbe-Henri Ménard : un vrai fils de François. [Saint-Laurent] : Fides, 2000.

Ce livre est disponible à la Fondation Père-Ménard.

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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