Chroniques

Où vas-tu?

photo Yvon Pomerleau

Par Yvon Pomerleau

Chroniques

10 avril 2024

Crédit photo : Brecht Denil / Unsplash

Ce que nous retenons de l’évangile de Jean (13, 21-33, 36-38) est une question et une réponse. Une question de l’apôtre Pierre adressée à Jésus, «Seigneur, où vas-tu?» et une réponse de Jésus à Pierre, «Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant : tu me suivras plus tard».

L’interrogation de Pierre ressemble à une question que nous posons souvent dans la vie courante. Lorsque nous croisons un proche sur la route, après un mot de salutation, il est fréquent que nous lui demandions où il s’en va. La question «où vas-tu?» peut avoir une dimension géographique et temporelle. «Où vas-tu te promener aujourd’hui?» diffère de «Où t’en vas-tu dans la vie?» Ghandi a dit un jour que «le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même».

Pour nous aider à comprendre le sens de ce passage évangélique, une image me vient à l’esprit, c’est celle du GPS. Pour trouver le chemin le plus direct qui mène à un endroit, nous disposons maintenant d’un outil technique : le GPS. Il suffit de noter le point de départ et le point d’arrivée. Si j’inscris «nulle part», je risque fort de tourner en rond. La route à suivre est liée à ces deux données. Dans le long voyage de la vie chrétienne qui recoupe celui de la vie humaine, on peut distinguer trois temps : au départ, il y a un temps de questionnement; s’ensuit un temps plus ou moins long de cheminement; et finalement, c’est l’arrivée, l’achèvement.

Au départ du grand voyage de la vie et à chacune de ses étapes, nous devons traverser une période de questionnement comportant un examen de conscience sur notre situation présente, sur le sens de notre vie et sur la destination finale. La fin dans les deux sens du mot «fin» : le bout de la vie et le but de la vie.

Tout en poursuivant notre questionnement sur notre destination finale, nous devons nous engager sur la route. Notre vie chrétienne est une marche à la suite de Jésus. Comme les premiers disciples et apôtres de Jésus, nous avons reçu le même appel : «viens, suis-moi». Nous devons toujours être en mouvement. La route présente du terrain plat et des pentes fortes, des courbes et des carrefours. Des choix sont à faire et à refaire. Jésus nous a dit «prends ta croix et suis-moi». Nous ne pouvons prétendre suivre Jésus en écartant la croix de nos vies même si cela est difficile. C’est sans doute en faisant allusion à la croix et à la mort que Jésus dit à Pierre : «Là où je vais tu ne peux me suivre maintenant; tu me suivras plus tard».

L’important dans un voyage, c’est de ne pas perdre de vue la destination. Il peut même y avoir des erreurs de parcours qui exigent de faire des corrections, comme avec le GPS. Dans le voyage de la vie, Jésus est le compagnon de route, celui qui nous guide. Il est la réponse à nos questions et il peut nous ramener sur la voie quand nous nous égarons. «Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie : personne ne va vers le Père sans passer par moi!»

Comme dans tous nos petits voyages, le point d’arrivée reste toujours un peu mystérieux. Nous ne connaissons pas à l’avance tout ce qui nous attend une fois parvenus à destination. Dans notre vie de foi, nous savons que notre destinée s’articule sur celle de Jésus. Jésus est allé au-devant de la mort sur la croix par amour et Dieu le Père l’a ressuscité des morts. Pour nous aussi, si nous nous engageons sur le chemin de l’amour avec Jésus, nous savons qu’avec lui nous ressusciterons pour une vie nouvelle. «Elle est sûre cette parole : si nous mourrons avec lui, avec lui nous vivrons» (2 Tim, 2:13).

 

À PROPOS D’YVON POMERLEAU

Après plus de trente ans comme missionnaire au Rwanda, où il a vécu la violence du génocide, et comme conseiller du Maître de l’Ordre des Prêcheurs à Rome, il a été prieur provincial des dominicains du Canada de 2002 à 2010. Aimant de la nature et de l’autre, Yvon participe, entre autres, à l’essor du Foyer du monde, une maison d’hébergement pour demandeurs d’asile et réfugiés à Montréal.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Toutes les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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