Conversations

Brigitte Quintal : «Faire silence pour contempler Dieu»

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Conversations

18 mars 2020

Brigitte est avocate et théologienne. En entrevue, elle nous parle de ce qui nourrit sa foi au quotidien et de ses réflexions sur le mariage dont l’Église a souvent précisé les interdictions qui s’y rattachent, en utilisant un vocabulaire souvent juridique, plutôt que de présenter la question du couple humain comme source d’espérance.

 

Diplômée en droit de l’Université McGill de Montréal, elle a travaillé pendant plusieurs années dans le monde corporatif. En 1988, elle a complété une Maîtrise ès arts en théologie au Collège universitaire dominicain d’Ottawa et dans son mémoire, elle s’est attaquée à deux textes du Nouveau Testament qui portaient sur le mariage, une institution aussi ancienne que l’humanité elle-même, et qui lui posaient un problème.

 

Tout d’abord, parce que, dans Marc 10, il est écrit : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Cette phrase très dure me semblait dissonante dans la bouche de Jésus, un homme tellement compatissant et tellement bienveillant.

Brigitte Quintal

 

D’autre part, le chapitre 5 de la Lettre aux Éphésiens affirmait : « Femmes, soyez soumises à vos maris. » Elle a consacré sa recherche à découvrir à partir des sources et des outils de l’exégèse contemporaine ce que signifiaient vraiment ces deux textes.

Et effectivement, dans les deux cas, on peut affirmer que les traductions avaient parfois trahi le sens plutôt que de le traduire fidèlement. En 2016, elle a fait publier son mémoire chez les Éditions du Net sous le titre Une seule chair : le mystère de l’unité retrouvée.

 

Faire silence pour être en présence de Dieu

 

La théologie lui a beaucoup apporté et ce sont ses maîtres dominicains qui lui ont appris à appréhender le mystère de Dieu, « mais jamais détaché de la contemplation. Cette contemplation permet à la personne qui la pratique « de vivre sa vie au quotidien, mais sous le regard de Dieu ».

Elle ajoute : « Tu fais silence pour te mettre en présence de Dieu et le contempler. C’est comme un regard, un regard de foi, un regard qui se détourne de soi-même pour se tourner vers Lui. » Cette plongée dans la réflexion théologique a refondé sa foi de telle sorte qu’elle a pu y puiser la force de survivre à la perte d’Antoine, son fils de trois ans.

Avoir la foi, ce n’est pas être anesthésié aux souffrances de l’existence. Elle avoue avoir crié vers Dieu en lui demandant pourquoi, comme le Christ a crié vers son Père sur la croix : « pourquoi m’as-tu abandonné? ». Mais dans cette effroyable tourmente, il y avait au fond de son cœur cette paix qui vient d’ailleurs, comme le fond de la mer qui reste calme en dépit des flots agités de la tempête en surface.

 

Brigitte Quintal

Le Pèlerin

 

Brigitte Quintal est arrivée « presque par hasard » au Centre Le Pèlerin. D’abord bénévole, puis consultante, elle est depuis le 1er octobre 2017 directrice adjointe du Centre, en appui à Stéfan Thériault, qui en est le directeur. Cet organisme est né du Synode de Montréal de la fin des années 1990, où les participants ont exprimé de pressants besoins en accompagnement spirituel. Les prêtres avaient fort à faire dans les paroisses, avec l’administration des sacrements, offices liturgiques, tâches administratives, et ils n’avaient pas le temps d’assurer un suivi individuel et personnalisé avec les paroissiens.

Plusieurs membres de communautés religieuses, de même que des laïcs, se sont réunis pour créer ensemble un programme de quatre années, menant à un certificat universitaire donné en partenariat avec l’Institut de pastorale des Dominicains. C’est ainsi que le Centre Le Pèlerin forme depuis sa fondation en 2001 des accompagnateurs et accompagnatrices et qu’il accueille également en accompagnement spirituel « toute personne en quête d’elle-même, en quête de Dieu, en quête de sens. »

 

Une Église du Québec renouvelée

 

Tout en demeurant réaliste, Brigitte Quintal rêve au devenir de notre Église du Québec. « Elle est à un tournant, et je pense que notre plus grand défi, c’est d’être capable de reconnaître des petites étincelles, humbles et modestes, mais qui sont porteuses de vie. Je crois que Le Pèlerin en fait partie. »

Elle donne aussi l’exemple de l’Institut de pastorale sur la Côte-Sainte-Catherine, dirigé par les dominicains. « Ces petites étincelles, et il y en a sûrement d’autres que je ne connais pas, sont la lumière sous le boisseau, ce grain de sénevé qui deviendra peut-être un grand arbre. Ce sont aussi peut-être les fondations de l’avenir d’une Église qui sera plus près des gens, qui ne jugera pas du haut de son balcon, mais qui entamera un véritable dialogue avec le monde. »

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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