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Assez régulièrement, sur les canaux de télévision, sont diffusés des feuilletons success stories où nous sont proposées des histoires à sensation de dynasties familiales.

Dans la presse internationale, plusieurs magazines people présentent, de semaine en semaine, les aventures de diverses monarchies à travers le monde ainsi que la vie de divers chefs d’États ou de personnalités dites publiques venus de tous horizons.

Au cœur du Nouveau Testament, à plus d’une centaine de reprises, nous pouvons lire dans les évangiles l’une ou l’autre expression qui fait allusion à la notion de royauté ou de royaume, d’une manière ou d’une autre. Mais de quelle royauté parlons-nous par rapport à ce que nous connaissons dans le réel de la vie politique actuelle?

Ce qui frappe et retient l’attention, c’est qu’il n’y a dans les évangiles aucune connotation ni de pouvoir, ni de richesse, ni de privilège. En revanche, y sont évoqués de notions de service, de justice, de pardon, d’amour, de paix et de fraternité.

Au centre et au cœur du peuple de Dieu, au centre et au cœur de l’histoire de l’humanité et de la famille humaine, nous découvrons Jésus-Christ. Il est le rassembleur, l’unificateur, bien au-delà de l’esprit du monde qui nous entoure car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin reconcilié faisant la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel (Col 1, 19-20).

Ce qui est motivant et enthousiasmant, c’est que Jésus nous appelle à cette œuvre de rassemblement. Il compte sur chaque disciple pour être artisan d’unité, de justice, de paix et de réconciliation, aujourd’hui et chaque jour qui nous est prêté.

Le trône de Jésus ne ressemble en rien aux trônes des rois, des pharaons, des empereurs ou des présidents de l’histoire du monde. Son trône est une croix en bois. La couronne de Jésus n’a aucun égal dans les palais. Elle est faite d’épines. Les gardes du corps de Jésus n’ont aucune arme sur eux. Ce sont deux malfaiteurs sans grande envergure. Le couronnement de Jésus ne s’apparente à aucune autre célébration fastueuse de ce monde. Ce fut une crucifixion.

Au-dessus de la croix se trouvait placé un vulgaire écriteau annonçant aux badauds, en trois langues internationales de l’époque, le grec, le latin et l’hébreu : Celui-ci est Jésus, le roi des juifs (Mt 27, 37). Tous pourront donc le savoir.

Lors de dits événements survient un moment clé où de manière extraordinaire, un des deux brigands hors-la-loi, dans une attitude d’abandon total proclame sa foi : Jésus, souvient-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume (Lc 23, 42).

Alors que cet homme voleur est en train de mourir que sa vie semble être un échec total, voici qu’au dernier instant, ce brigand se faufile au Ciel avec Jésus! Voilà une sorte de « voleur professionnel du Ciel », du haut rang pourrait-on dire avec un brin d’humeur! Et, de surcroît, Jésus lui répond : Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis (Lc 23,43).

Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui? La miséricorde divine est immense. Ce qui est frappant, c’est la foi audacieuse de ce larron devenu dans nos expressions populaires, un bon larron, qui reconnaît et proclame que Christ est chemin de vie, chemin d’espérance, chemin de pardon, chemin de guérison, chemin d’amour, chemin de paix.

Dans le Ciel, dans le cœur de Dieu, la place est donnée aux plus petits de notre humanité : les personnes pauvres, rejetées, ignorées, persécutées, blessées de la vie. La liste est longue.

Chaque fois que nous prenons soin du plus petit d’entre les nôtres, le Royaume de Dieu advient déjà. Les cieux nouveaux et la terre nouvelle commencent à se déployer au cœur de notre vie quotidienne. La paix de Dieu se manifeste à nous!

Cette paix de Dieu :

– advient lorsque nous travaillons à notre croissance humaine, relationnelle et spirituelle dans notre vie personnelle.

– advient dans notre vie de couple et de famille lorsqu’un papa ou une maman réconforte ou console son enfant qui vit un passage difficile dans sa jeune vie d’adolescent.

– advient dans le monde lorsque nos bras, nos mains et nos pieds s’engagent généreusement en partageant des biens, des talents, des forces, avec ceux qui en ont besoin ou lorsque nous nous impliquons concrètement dans une œuvre de bienfaisance dans nos quartiers.

– se concrétise lorsque nous nous intéressons à une meilleure qualité de vie et de respect pour tous les gens de la planète.

Devenons, à notre mesure, un signe visible et significatif pour notre monde du Règne de Dieu qui se construit autour de nous et au-dedans de nous tout comme David, ce modeste berger d’Israël devenu roi, fut capable de réunir les royaumes du Nord et du Sud. Ne craignons jamais de payer de notre personne et de notre temps.

Père Eusèbe-Henri Ménard, ofm, affirmait avec insistance que l’humanité tout entière a besoin de chacun de nous, là où il se trouve, unique et, par conséquent, irremplaçable. Qu’attends-tu pour y assumer ta part de coresponsabilité?

Texte reproduit avec l’autorisation de l’auteur, initialement publié en mai 2022 dans son recueil de méditations Ravive en toi l’espérance pour la vie du monde, publié par le Diocèse de Saint-Hyacinthe.

À PROPOS DE CHRISTIAN RODEMBOURG

Évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Mgr Christian est un homme de terrain qui aime aller à la rencontre de l’autre dans le concret de la vie quotidienne, pour vivre la mission pastorale en équipe, femmes et hommes, laïcs et prêtres, et grandir tous ensemble en humanité et en spiritualité.

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.