Crédit photo : Kate Remmer / Unsplash
Depuis trois jours, je fais partie d’une foule qui accompagne un homme partout où il va. On m’a parlé de lui avec beaucoup d’admiration. Son nom : Jésus.
D’abord par curiosité, j’ai décidé d’écouter ses discours. Jamais je n’aurais cru que j’allais me pendre à ses lèvres aussi longtemps. Je suis incapable de le quitter. Aie! Ce gars là enseigne la venue d’une Humanité Nouvelle. Une humanité où les personnes seront complètement libres n’ayant besoin d’aucune loi extérieure pour les diriger. Leur loi viendra de l’intérieur de chacun. Elle sera gravée dans leur cœur. Cette loi s’appelle l’Amour et la Nouvelle Humanité dont il parle, il l’appelle : «Le Royaume de Dieu». Je ne sais pas d’où il prend tout ça mais il me convainc de plus en plus au fur et à mesure que je l’écoute. Des paroles que je n’ai jamais entendues avant! Sincèrement, je crois qu’il vient de très loin.
Je me suis apporté un sac à dos avec quelques vêtements chauds et un peu de nourriture que j’ai complètement épuisée depuis hier. Voilà que je commence à m’inquiéter. Non pas que ses paroles soient moins intéressantes, mais la faim me tenaille et je n’arrive plus à me concentrer sur ses paroles à propos de cet extraordinaire Royaume.
Dans la foule, chacun a son sac à dos. Je n’oserais jamais mendier ma nourriture à un voisin? Il n’en a peut-être même pas assez pour lui-même.
Oh! Il se passe quelque chose autour de Jésus. Il ne parle plus à toute la foule mais s’adresse privément à ses amis qu’il a appelés «apôtres». C’est comme s’il avait remarqué ma fatigue ou plutôt notre fatigue. Il semble se préoccuper de nous. Il jette un regard d’amour sur nous tous. Il fait déjà partie de cette Nouvelle Humanité dont il parle dans ses discours. Il vit déjà de ce dont il parle. C’est pour ça que ses paroles sont si convaincantes. Je le vois nous regarder avec compassion. Ses yeux sont d’une inexprimable tendresse qui nous rejoint tous.
Le miracle du partage
Il parle avec ses amis. Il a une douzaine d’amis. Il parait qu’ils le suivent presque partout. Puis j’en vois un qui arrive avec une corbeille de pain. Il ne leur reste plus que sept petits pains pour lui et ses amis. Tiens! Les apôtres nous demandent de nous asseoir dans l’herbe. Puis, Jésus, dans son grand amour, bénit les pains et envoie ses apôtres pour distribuer tout ce qu’il leur restait à manger. C’est là que le miracle se produit! Il a été initié par le partage de Jésus et, par contagion de l’Amour, il a été suivi par imitation par tous ceux à qui il restait encore de la nourriture. Il a pris goût, à la foule, de commencer tout de suite à instituer cette Nouvelle Humanité d’Amour.
Alors, chacun ouvre son sac à dos et c’est le partage généralisé. Comme plusieurs savaient qu’ils allaient rester longtemps ils avaient apporté plus de nourriture que le nécessaire comme il nous arrive souvent. C’était beau à voir. Je n’avais même pas besoin de quémander ma nourriture. Elle m’était offerte comme ça, par un voisin. Il ne me restait qu’à remercier avec l’émotion que je ressentais dans ma voix. J’ai pu échanger avec mon entourage de ce qui réchauffait notre cœur en l’écoutant.
Après le repas, nous nous sommes remis à l’écoute. Un miracle, c’est toujours merveilleux. Ce que je trouve le plus merveilleux dans celui-ci, c’est qu’il proclame que le Royaume si bien annoncé est déjà commencé. Les gens étaient si émerveillés qu’au retour à la maison, ils racontaient l’événement à tout le monde mais les mots leur manquaient pour traduire une telle flambée d’amour. Les uns disaient que Jésus avait physiquement multiplié les pains comme par magie parce que ce gars là et ses amis sont revenus avec plus de nourriture que quand ils étaient partis et toute la foule avait mangé à sa faim. En fait, pour moi, la Nouvelle Humanité était commencée à construire. Moi, je suis revenu de là avec le goût de me mettre au travail en collaborant à la construction de ce Royaume et ainsi perpétuer le miracle de l’amour dans le partage.
Une autre fois, ce même Jésus a dit à ses amis qu’eux aussi allaient faire des miracles encore plus grands et que rien ne résisterait à l’amour.
Mais… ses amis, c’est nous! Si on s’y mettait avec tout l’amour de notre cœur et une foi grosse comme un grain de sénevé, quelle contagion on susciterait!
À PROPOS DE MICHEL LABERGE
L’auteur est marié et père de 4 enfants. Depuis sa retraite, il s’intéresse à l’organisme Développement et Paix (D&P) qui ont des partenaires dans plusieurs pays du sud. Il s’est joint à un groupe de huit personnes en 2010 pour aller visiter des partenaires en Bolivie. Michel a vu comment des organismes travaillaient à l’édification d’un monde meilleur, ce que Jésus appelait le Royaume de Dieu. Il a été vice-président de D&P du diocèse de Québec entre 2011 et 2014.
Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Toutes les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.
