Suggestions de lecture

Le grand cahier de Jérôme

photo Lucie Lepine

Par Lucie Lépine

Suggestions de lecture

23 septembre 2020

Quand on a nous a annoncé le confinement dû à la pandémie causée par le Coronavirus, je me suis réjouie en projetant déjà le plaisir que j’aurais à pouvoir lire enfin, chose que j’ai de la difficulté à faire en raison de divers engagements. Un peu fatiguée des nombreuses réunions, ce moment serait pour moi une période de vacances où j’apprendrais à prendre le temps.

 

Sur les entrefaites, une de mes amies venait de terminer un roman : Le grand cahier de Jérôme, livre très bien écrit, que j’ai dévoré en quelques jours. Odette Mainville (1) raconte qu’à Maria, en Gaspésie, les parents de Jérôme nourrissent de grands projets pour ce fils aîné, doué, rangé et sérieux. Ils rêvent surtout de le voir poursuivre ses études et un jour devenir prêtre. Ordonné à cette fonction au terme de ses études au Grand Séminaire de Montréal, Jérôme reviendra exercer son ministère dans sa Gaspésie natale.

Il s’y investit totalement, mais, inévitablement, surviennent les échecs, les questionnements, les prises de conscience, les liaisons amoureuses… Il décide donc de prendre une année sabbatique et il s’inscrit à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal, où il remettra en question les discours théologiques entendus au Grand Séminaire. Il nage de bonheur en découvrant qu’il est possible d’être à la fois intelligent, logique et croyant. Il goûte à la joie profonde de devenir de plus en plus libre, et il sera entraîné sur des sentiers imprévus.

 

Vers une théologie libératrice

 

Ce qui m’a rejoint dans cet écrit, c’est que le cheminement de Jérôme sur le plan religieux peut être celui de l’autrice, le mien, le vôtre. Le personnage passe d’une religion de dogmes et de rites à une spiritualité qui fait vivre. À travers la vie de Jérôme et les événements qui la scandent, Madame Mainville réussit à tracer avec compétence –elle est spécialisée dans le domaine– un parcours en théologie libératrice.

Elle revisite les dogmes, les sacrements, la place des femmes dans l’Église…, et elle s’attache au sens qu’on peut découvrir à travers les textes bibliques, lesquels témoignent d’une ligne de vie dans laquelle s’inscrire. On sent qu’elle s’est fait plaisir en utilisant la forme littéraire du roman pour partager ses convictions. Elle fait ainsi partie d’une longue lignée d’auteurs qui ont utilisé le récit – pensons aux évangiles – pour dire le sens de la vie.

Ce parcours a été le mien. Née à l’époque du petit catéchisme catholique à apprendre par cœur, j’ai été transformée par les cours en études bibliques que j’ai suivis à l’Université de Montréal. Pourquoi n’avais-je pas entendu ces choses avant? J’ai fait du ménage dans mes croyances et je me suis sentie tellement bien dans cette démarche vers la liberté qu’il n’y a plus eu de retour en arrière possible.

Je suis de plus en plus croyante parce que de plus en plus confiante, avec la ferme conviction qu’il vaut la peine de vivre dans la Voie tracée par Jésus de Nazareth, Voie qui, malheureusement, n’est pas toujours celle présentée par notre Église, ce qui fait que beaucoup de gens en décrochent.

 

Note :

1) Odette Mainville est professeure retraitée de la faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Outre de nombreux écrits disciplinaires, on lui doit trois romans : Le curé d’Anjou (Fides 2013), La fille-mère et le soldat (Fides 2013), et Julie, droguée et prostituée malgré elle (Fides 2018).

 

À PROPOS DE LUCIE LÉPINE

Après une carrière en enseignement au primaire et au secondaire, Lucie s’est impliquée au sein des groupes communautaires comme le Carrefour Familial Hochelaga et des associations chrétiennes comme le Centre de pastorale en milieu ouvrier, la Conférence religieuse canadienne et la Fondation de la jeunesse ouvrière, entre autres. Lucie a fait des études bibliques à l’Université de Montréal et aime la vitalité culturelle montréalaise.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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