Suggestions de lecture

Du souci de soi au souci des autres

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Suggestions de lecture

17 avril 2024

Crédit photo : Miriam Castro

Anselm Grün est moine à l’abbaye bénédictine de Münsterschwarzach et auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages portant sur des sujets aussi variés que le jeûne, l’art de bien vieillir, l’identité masculine, l’onction des malades, la spiritualité au quotidien.

D’entrée de jeu, dans son livre Du souci de soi au souci des autres (2019), l’auteur remet les pendules à l’heure : même si le terme souci comporte aussi une teinte négative, dans le sens de préoccupation ou inquiétude, comme dans Triomphez de vos soucis : vivez que diable! de Dale Carnegie, il est ici employé dans le sens de l’importance, la sollicitude que l’on accorde à quelque chose ou quelqu’un. «L’essence même de la sollicitude, explique-t-il, consiste à laisser mon égoïsme de côté pour me soucier de l’autre et m’occuper de lui.»

Il se réfère d’ailleurs aux Grecs «qui avaient deux vocables à leur disposition pour exprimer le souci, merimna et meletao, qui tous deux réunissent le sens positif et le sens négatif». Entre autres, «Merimna, ‘se préoccuper de quelque chose’, implique l’attente de quelque chose, une attente mêlée d’angoisse, une souffrance, un travail pénible, un fardeau.» Par contre, Ie terme meletaosignifie «‘s’occuper de quelqu’un’, comme le Samaritain s’occupe du voyageur blessé en le confiant à l’aubergiste, afin que celui-ci prenne soin de lui.»

 

Conscience des limites, mais nécessité de l’action

 

L’ouvrage est divisé en dix chapitres où est nommé cet autrui (enfants, parents, famille, invités, Création, âmes) sans oublier le souci de soi, et l’importance de la prière. Chaque chapitre se termine par un rituel où nous demeurons libres de mettre en application les réflexions et les concepts formulés précédemment. D’abondantes références à la Bible renforcent son propos. Se préoccuper des autres, ce n’est évidemment pas «prendre à notre charge tous ceux que nous voyons sur le bord de notre route, les réfugiés, les désespérés, les affamés, les assoiffés, les étrangers, les nus, les malades, les prisonniers, les endeuillés. Nos possibilités ont des limites.»

Il s’agit plutôt de «faire ce qui est en notre pouvoir», et «transformer nos paroles en une action». C’est plutôt «faire comme le Samaritain, qui ne se contente pas d’avoir pitié du blessé, mais qui agit.»

 

Se soucier de soi puis des autres

 

L’auteur consacre le chapitre 6 au souci de soi-même. Car sans cette dimension, le souci des autres est un vain objectif. «Un juste souci de soi, souligne l’auteur, consiste […] à être à l’écoute de ses sentiments, parmi lesquels aussi le souci d’aider les autres et d’aimer son prochain. Si en me préoccupant d’autrui je sens que la vie et l’amour coulent de manière fluide en moi, je peux continuer avec bonne conscience. Mais si j’ai le sentiment d’être exploité ou angoissé, si je ressens en moi une résistance, il vaut mieux, avant de me soucier des autres, que je m’occupe mieux de moi-même. Agir ainsi, je le répète, n’est pas de l’égoïsme, mais une condition pour que mon souci d’autrui soit plus efficace et plus plaisant.» En somme, trouver l’équilibre entre soi et les autres.

 

Prière et souci de l’environnement

 

Autre dimension intéressante que cette importance de la prière. Il est écrit «Décharge-toi sur Yahvé de ton fardeau et lui te soutiendras» (Ps 55, 23). «Pour moi personnellement, écrit l’auteur, cela signifie en présentant ma demande à Dieu et en lui rendant grâces, je prends déjà une certaine distance avec mes soucis.» Il évoque aussi les bienfaits de la gratitude et cite le moine bénédictin David Steindl-Rast qui affirme : «Je ne suis pas reconnaissant parce que je suis heureux. C’est le fait d’être reconnaissant qui me rend heureux.»

Anselm Grün dédie un chapitre entier au souci de la création. À cette époque où l’environnement devient le sujet de l’heure en même temps que porteur d’angoisse pour la planète, il suggère que ce souci particulier devrait avoir un fondement spirituel. Chercher dans l’amour et la recherche de beauté des solutions viables et efficaces. «Être conscient de la beauté de la nature fait aussi partie de l’amour qui me motive à la préserver.»

C’est un petit livre simple et sans prétention, un guide pour nous accompagner vers des découvertes intimes et personnelles, dans un chemin coloré et illuminé par l’amour d’autrui.

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’est toujours intéressée à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain ont été ses meilleures sources d’inspiration, car elle croyait passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé. Elle est décédée le 22 février 2022.

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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