Suggestions de lecture

Devenir voyage

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Suggestions de lecture

1 juin 2022

Crédit photo : Miriam Castro

Comme l’indique son titre, ce livre nous invite à mieux comprendre le voyage qu’est la vie, ses élans et ses arrêts, son rythme et ses contrastes. Prêtre catholique, théologien et écologue, André Beauchamp a partagé son travail d’écrivain entre «la sauvegarde de l’environnement et une réflexion d’avant-garde sur la spiritualité chrétienne dans une société sécularisée.»

L’ouvrage comprend quatorze chapitres qui tracent les étapes de ce voyage et dont l’auteur trace un portrait des différents types de voyageurs.

 

Le touriste et le stagiaire

 

Il y a d’abord le touriste, «celui qui ne part pas vraiment» et «qui se contente d’explorer». Il vit un départ sans risque et dans la prudence pendant lequel tout est prévu comme c’est le cas des excursions organisées et des croisières «où l’on lisse tout simplement dans le décor»,

Puis, il y a le stagiaire qui s’en va pour des études, pour une recherche, pour un travail contractuel. Contrairement au touriste, le stagiaire habite le pays, vit peut-être dans sa bulle ou se fait des connaissances et des amis. Lorsqu’il revient, il ne voit plus sa terre natale de la même manière. Il découvre que son pays n’est «ni le centre ni le sommet».

 

Le migrant

 

Le migrant est le voyageur-vedette de notre époque. Pour l’auteur, les migrants d’aujourd’hui sont principalement des réfugiés fuyant la guerre, la persécution, la sécheresse, la famine. Ce voyageur aventurier peut être désespéré «on en a tant vu depuis cinquante ans — fuyant le Viêt Nam, l’Afrique, l’Asie, en bateaux de fortune, soucieux d’abord de survivre et d’échapper à la barbarie.»

Mais, le migrant témoigne aussi de son audace : il ose la rupture, il ose la liberté. «Parfois simplement désespéré, parfois ambitieux.» André Beauchamp rappelle nos «réflexes de propriétaires», semblant oublier que nous avons été aussi des étrangers pour les gens qui nous accueillaient. Comme l’a si magnifiquement écrit Gilles Vigneault dans sa chanson Mon Pays (1965) :

 

De ce grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison c’est votre maison
Entre ses quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l’horizon
Et les humains sont de ma race.

 

L’errant

 

Ils sont de plus en plus nombreux dans nos villes. On les appelle des itinérants, des sans-abri, des personnes sans domicile fixe (SDF). L’errant marche avec leur bagage ou dors à une porte du métro, tend la main à une intersection achalandée. «Sans hier, dirait-on, sans lendemain, ils errent.» La télévision nous en a donné un avec son personnage du Survenant dans le téléroman de Germaine Guèvremont.

 

Le nomade

 

Ce voyageur n’habite pas une maison, mais un territoire. «Il n’est pas un errant, mais plutôt un déambulant. Il porte sa maison avec lui, en général une tente.» C’est le principe des chasseurs-cueilleurs qui circulent «au gré des saisons et des occasions favorables.» C’est l’agriculture qui a créé villages et villes.

 

À sa manière, le nomade est le symbole de la vie itinérante. Il n’est pas un apatride, loin de là, mais il est à la fois inscrit sur un territoire et dégagé des enfermements. Il symbolise sinon la liberté, au moins la disponibilité.

André Beauchamp

 

Le sédentaire

 

Beauchamp parle aussi du sédentaire, comme l’étaient traditionnellement les villageois et que Jean Ferrat a bien décrits dans sa chanson La montagne : «Deux chèvres et puis quelques moutons. Une année bonne et l’autre non. Et sans vacances et sans sorties.» Si le voyageur «s’universalise en visitant d’autres lieux», pour sa part, le sédentaire le fait en creusant, en allant au fond de lui-même et de son milieu.

Mais l’auteur suggère de se méfier des mirages. «Il y a, dit-il, une grandeur certaine à ne pas vivre en surface et à explorer à fond son lieu propre.» Et il donne l’exemple du pin et du chêne, le premier qui étend ses racines, tandis que le second pousse ses racines au plus creux et se fait difficilement déraciner. «Il me plaît de croire que l’universalité peut aussi être atteinte par la profondeur et la vérité de l’expérience.»

 

La vie est un voyage initiatique où l’objet réel du voyage est finalement soi-même.

André Beauchamp

 

Ce livre est écrit avec générosité et flamme et puise abondamment dans les textes de poètes et de chansonniers pour illustrer son propos. Cette lecture est un voyage dans le temps et le lecteur peut découvrir des pistes pour entreprendre un voyage pour approfondir sa vie intérieure.

«Touriste, conclut l’auteur, stagiaire, nomade, migrant, errant, perdu, égaré cherchant son étoile ou simplement assis au coin du feu, chacun de nous va vers sa route.» À chacun son parcours et son style? Quel sont les vôtres?

 

Du même auteur :

 

Pour une sagesse de l’environnement (Novalis, 1992), Gérer le risque, vaincre la peur (Bellarmin, 1996), Environnement et Église (Fidès, 2008).

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Notre chère Renée est décédée en février 2022, mais ses écrits restent. Elle était journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéressait depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain étaient ses meilleures sources d’inspiration et elle croyait passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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