Conversations

Yvon Sabourin : servir, éduquer, aimer, transformer

photo Miriam Castro

Par Miriam Castro

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1 mai 2024

Crédit photo : Miriam Castro

Yvon voulait devenir missionnaire depuis qu’il était petit. Il a dû attendre plus de quarante ans pour réaliser son rêve d’aider des enfants démunis à l’étranger à poursuivre leurs propres rêves.

Originaire de Pointe-aux-Trembles, Yvon participait fréquemment aux retraites spirituelles données par le père Marcel Paquette, msa, au Collège St-Jean-Vianney. C’est là qu’il a connu aussi le père Eusèbe Ménard, ofm, fondateur des Missionnaires des Saints-Apôtres, qui lui disait : «Yvon, chez nous, il y aura toujours une place à table pour toi».

Cependant, Yvon a suivi la voie missionnaire plus tard dans sa vie. Il a fait des études en éducation et il a enseigné aux écoles Le Caron et Guybourg, à Montréal.

 

Trop vieux pour aider

 

Cinq ans avant sa retraite, son envie de partir en mission à l’étranger est revenue avec force. Il a commencé à chercher une œuvre, mais on lui disait qu’il était trop vieux pour devenir missionnaire. Yvon ne s’est pas laissé décourager. Un jour, les salésiens lui ont dit qu’ils connaissaient un endroit où l’on pouvait l’accueillir malgré son âge (il avait 55 ans) : un foyer pour orphelins en Bolivie.

 

J’aurais voulu que les gens soient aussi ouverts aux vocations tardives [des adultes] que le père Eusèbe Ménard. Il y a des gens avec un certain vécu qui ont tellement de belles choses à offrir.

 

En effet, les douze premiers apôtres choisis par Jésus étaient des hommes qui exerçaient déjà un métier. Pourtant, à son appel, ils ont tout laissé derrière eux pour le suivre.

C’est ainsi qu’après 33 ans de travail comme professeur de l’État, Yvon a pris sa retraite afin de devenir coopérant laïc pour aider dans un autre pays. «J’ai pris ma retraite en juin 1995 et, deux mois plus tard, je me trouvais dans l’avion à destination de la Bolivie. J’avais assez attendu».

 

Mission en Bolivie

 

À son arrivée à Vallegrande, un village situé dans le département de Santa Cruz, Yvon a constaté l’état pitoyable du foyer qui accueillait 33 garçons orphelins. Leurs parents n’avaient d’argent que pour leur donner à manger une fois par jour. Le foyer avait été fondé par Mamá Nelly, une Bolivienne qui ne pouvait plus s’en occuper en raison de son âge avancé. Les besoins de l’endroit étaient immenses et le financement insuffisant. «Quand j’ai vu la situation terrible des enfants vivant au foyer, j’ai demandé à Mgr Tito Solares, sdb : “Qu’est-ce que peux faire?” et il m’a répondu : “Tout est possible, ça dépend de toi”». Quelques mois plus tard, il a été nommé directeur du foyer.

À son retour, il a sollicité l’aide financière d’anciens collègues, amis et voisins. En 1997, Yvon a décidé de créer l’organisme de bienfaisance Enfants de Bolivie pour faciliter la collecte de fonds. Vingt ans plus tard, le soutien fidèle des donateurs québécois permet au Hogar de Niños Jesús Infante (foyer pour enfants de l’Enfant-Jésus) d’aider plus de 3 000 jeunes. Le gouvernement bolivien alloue une contribution minimale au foyer pour chaque enfant hébergé, mais c’est bien insuffisant. Au Hogar de Niños Jesús Infante, des enfants âgés de 5 à 18 ans sont logés, nourris et vêtus. Ils reçoivent des soins de santé, une formation chrétienne, du soutien pour qu’ils fassent leurs études primaires et secondaires. Surtout, ils grandissent dans un environnement sain, agréable et avec de l’amour. Les jeunes de plus de 18 ans, qui ne peuvent plus rester au foyer, continuent à recevoir de l’aide et de l’accompagnement pour qu’ils fassent leurs études au collège, à l’école de formation professionnelle ou à l’université.

Dans son parcours missionnaire, Yvon a mis en pratique la philosophie de Don Bosco[1] : «Éduquer, c’est aimer les jeunes tels qu’ils sont et non pas tels que nous voudrions qu’ils soient. Tout éducateur doit continuellement apprendre à faire le deuil de son propre projet pour le jeune s’il veut l’aider à bâtir son propre avenir.»

 

Yvon avec les enfants du Hogar de Niños Jesús Infante.

 

Il y a de belles histoires de réussite comme celles de Yamil Cruz et Roly Rojas. Tous les deux ont grandi au Hogar de Niños Jesús Infante. Yamil a fait des études en droit et il est actuellement le représentant légal du foyer. Pour sa part, Roly, qui a aussi fait des études universitaires, est le directeur-représentant des Enfant de Bolivie sur place. Ainsi, ces jeunes professionnels continuent le travail initié par Yvon Sabourin.

Depuis plus de dix ans Enfants de Bolivie contribue avec 7 000 $ par mois pour assurer les activités du Collège Jean-Paul II, qui accueille des enfants et des jeunes avec un handicap physique ou intellectuel. La plupart d’entre eux appartiennent au peuple guarani et leurs familles vivent en situation d’extrême pauvreté. Le collège donne aux familles et aux enfants un repas nourrissant par jour et veille au bien-être des enfants et des jeunes en fournissant des médicaments, des fauteuils roulants, etc.

 

Des anges parmi nous

 

Plusieurs fois, Yvon s’est demandé comment faire pour continuer à faire fonctionner le foyer, car les enfants de Bolivie sont devenus ses propres enfants. Il a été témoin de la force de la Providence et a vécu des moments forts, empreints de générosité et d’humanité :

 

C’était un samedi matin, il faisait froid. J’étais sorti au village pour acheter de quoi compléter le déjeuner des enfants. Là, j’ai entendu des mots en français. Je me suis retourné et j’ai vu un couple d’étrangers. On s’est mis à parler. Je leur ai dit que je m’occupais d’un foyer pour enfants. Ils ont voulu me raccompagner pour connaître l’endroit. Ils ont vu le foyer et connu les enfants. C’est alors que la dame m’a demandé de me voir en privé. Dans mon bureau, elle a sorti son portefeuille et m’en a donné le contenu. Cela étant, ils sont partis. Je n’arrivais pas à le croire! C’était une somme importante d’argent. Sous le choc, j’ai oublié de demander leurs coordonnées pour leur envoyer quelque chose en guise de reconnaissance. Je suis allé au village et je les ai cherchés. Rien. Personne n’avait vu ou entendu des étrangers.

 

Au quotidien, ces anges prennent aussi le visage de personnes qui l’aident depuis de nombreuses années pour assurer la saine gestion de dons, le programme de parrainage des enfants et des jeunes, la préparation et l’envoi des bulletins d’information et la réalisation d’autres tâches administratives. C’est le cas de Réjeanne Laneuville, enseignante à la retraite et ancienne animatrice de l’émission C’est la vie! à Radio Ville Marie, Monique-Émilie Laveau, ancienne secrétaire épiscopale au diocèse de Montréal, et d’autres bénévoles dévoués à l’accomplissement de la mission de l’organisme.

Grâce aux moyens de communication modernes, Yvon est en contact étroit avec les responsables du foyer et du collège en Bolivie. Il est en rémission d’un cancer et, peu à peu, il récupère ses forces. «Tout ce travail me garde vivant et me remplit d’espoir et joie».

Pour avoir plus d’informations sur Enfants de Bolivie, cliquez sur ce lien.

 

Note :

 

[1] Don Bosco ou saint Jean Bosco, né Giovanni Melchior Bosco (1815-1888), était un prêtre italien qui a dédié sa vie à l’éducation des jeunes enfants issus de milieux défavorisés. En 1859, il a fondé la Société de Saint François de Sales, plus connue sous le nom de congrégation des Salésiens. Il a été canonisé en 1934.

 

À PROPOS DE MIRIAM CASTRO

Passionnée des voyages et des nouvelles cultures, Miriam décide de s’établir au Québec et obtient une maîtrise en communication à l’UQÀM, tout en travaillant comme directrice de la Fondation Père-Ménard. Lorsqu’elle n’est pas en train de courir pour faire sa méditation en mouvement, elle lit, regarde des séries ou partage un bon repas avec les gens qu’elle aime.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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