Du cœur à l'action

Accès à l’eau propre pour vivre dans la dignité

photo Miriam Castro

Par Miriam Castro

Du cœur à l'action

27 novembre 2019

Au mois d’août dernier, je suis allée au Pérou pour participer à l’inauguration des systèmes d’approvisionnement d’eau potable par gravité pour ravitailler deux villages établis au cœur des Andes péruviens. L’accès à l’eau est un droit humain vital pour la dignité de chaque être humain.

 

Les villages d’Antapite et Pillpaq-Quishuarparta se trouvent à 3 600 mètres d’altitude, dans les montagnes de la région d’Ayacucho. Pour y accéder, nous avons parcouru des routes étroites et serpentées qu’il faut emprunter en jeep à une vitesse maximale de 50 km/h. Autrement, cela devient très dangereux, car d’un côté il y a la montagne et de l’autre le précipice !

 

Sentier lumineux

 

Outre la pauvreté et le manque de services de base comme l’accès à l’eau potable, la vie des populations majoritairement d’origine indigène a été durement affectée pendant les années d’occupation du Sentier lumineux (Sendero Luminoso).

En effet, c’est au début des années 1970 dans la région péruvienne centrale d’Ayacucho que ce mouvement armé d’inspiration maoïste a été initié à la suite de la révolte des peuples indigènes, les laissés-pour-compte de la réforme agraire péruvienne.

Malheureusement, les actes de violence des opérations sendéristes et les moyens employés par les militaires pour y mettre fin ont touché durement la population qui s’est retrouvée prisonnière de la violence de deux factions. Le récit de l’enfance de Reyna Quispe, travailleuse sociale, responsable des projets d’eau dans les Andes s’avère particulièrement éloquant. Elle et sa famille ont échappé de justesse aux incursions du Sentier lumineux, en vivant cachés dans des grottes. La région d’Ayacucho a été la plus affectée de tout le Pérou.

 

La région d’Ayacucho indiquée en rouge dans cette carte du Pérou

 

Selon le rapport de la Commission de la Vérité et de la Réconciliation, ce conflit aura fait plus de 70 000 morts et 15 000 disparus.

Cette violence a entraîné un exode massif des familles vers les centres urbains en quête d’une meilleure qualité de vie. Malheureusement, ces populations démunies vivent dans des bidonvilles peuplés de taudis aux conditions sanitaires déplorables. De plus, cet afflux important de main-d’œuvre non qualifiée a provoqué la création d’emplois très mal rémunérés avec des conditions de travail dangereuses et sans protection sociale.

 

Appuyer les efforts des populations défavorisées

 

En 1992, la capture et l’emprisonnement d’Abimael Guzman, leader de Sentier Lumineux, est le début de la fin de cette période difficile pour le Pérou. Certains retournent à leurs communautés d’origine et d’autres restent dans les métropoles. Ceux qui décident de rentrer chez eux devront faire face au manque d’eau potable.

C’est ainsi que l’organisme Ailes de l’Espérance va appuyer les initiatives et les efforts de développement des populations défavorisées, notamment en lien avec l’accès au précieux liquide.

Pendant six mois environ, les 51 familles d’Antapite (265 personnes) ont creusé des tranchées sur plusieurs kilomètres pour installer les tuyaux qui apportent de l’eau des trois sources vers les réservoirs. C’était un travail intense et physiquement exigeant fait par les habitants à l’aide des pelles, des pics, des sceaux et surtout d’une grande détermination pour améliorer les conditions de vie de leurs enfants.

 

Durant le creusement des tranchées sur plusieurs kilomètres

 

Une fois que les tranchées sont prêtes, sous la direction de l’équipe des Ailes de l’Espérance, les gens mettent en place des tuyaux, construisent les réservoirs et des lavabos pour chacune des familles. Quel énorme privilège de pouvoir ressentir l’espoir et la dignité renouvelés d’une communauté et de voir les enfants boire l’eau potable du robinet !

 

Les Ailes de l’Espérance finance la direction technique et l’achat des matériaux. Les paysans n’ont pas d’argent à investir, mais ils ont la capacité de s’unir et de fournir bénévolement la main d’œuvre non qualifiée. En s’impliquant ainsi, ils s’approprient du projet et en prennent la responsabilité

André Franche, président des Ailes de l’Espérance

 

Une des conditions pour que la demande d’eau soit éligible est la constitution d’un comité local de gestion de l’eau potable et de l’assainissement. Il veillera à la bonne utilisation des contributions payées par la communauté. Ce comité assurera la maintenance et réparation des installations, ainsi que la mise en place des ateliers d’hygiène et d’usage responsable de l’eau.

Apporter de l’eau potable aux communautés n’est que le premier pas vers le progrès à long terme.

 

Pour l’égalité hommes-femmes

 

Avec la certitude que l’avancement des communautés passe par l’égalité entre les hommes et les femmes, le comité d’eau doit être formé par six personnes, dont la moitié des femmes occupant des postes importants comme trésorière, secrétaire ou présidente. C’est un élément essentiel à l’autonomisation des femmes et au développement durable et optimal des communautés entières.

L’accès à l’eau potable est devenu l’enjeu majeur de l’humanité du 21e siècle. Malheureusement, l’eau n’est pas répartie de manière égale dans le monde. Dans l’édition 2019 du rapport mondial sur l’eau, l’Organisation des Nations Unies (ONU) affirme que l’accès insuffisant à une eau potable de qualité et le manque de services d’assainissement des eaux usées coûtent cher en vie humaine, avec 780 000 décès causés par la dysenterie et le choléra chaque année. C’est bien plus que les victimes de conflits, de séismes et d’épidémies !

Dans son encyclique Laudato Si’, publiée en 2015, le Pape François rappelle que «l’accès à l’eau est un droit humain fondamental, qui doit donc être respecté, car il met en jeu la vie des personnes et leur dignité».

 

(de gauche à droite) Lors de l’inauguration du système d’eau potable d’Antapite, les habitants ont offert des fleurs à Francine Cyr, donatrice, Miriam Castro, directrice de la Fondation Père-Ménard, et Elizabeth Arias, coordonnatrice des Ailes de l’Espérance-Pérou

 

La Fondation Père-Ménard veut à offrir à nouveau son aide financière pour le développement d’un autre système d’eau potable. Cette fois, il a été prévu d’aider 500 habitants de Azángaro, un village de la région montagneuse d’Ayacucho. Nous vous invitons à faire un don pour offrir des solutions au problème d’eau des communautés défavorisées et éloignées au Pérou. Nous sommes plus forts lorsque nous travaillons ensemble !

 

À PROPOS DE MIRIAM CASTRO

Passionnée des voyages et des nouvelles cultures, Miriam décide de s’établir au Québec et obtient une maîtrise en communication à l’UQAM, tout en travaillant comme directrice de la Fondation Père-Ménard. Lorsqu’elle n’est pas en train de courir pour faire sa méditation en mouvement, elle lit, regarde des séries ou partage un bon repas avec les gens qu’elle aime.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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