Chroniques

Voir l’extraordinaire dans l’ordinaire

Par Denis Gauthier et Pierre Brulé

Chroniques

11 mars 2020

Tout moment après-présent est une nouveauté et n’a jamais existé encore. Cette pensée d’Héraclite l’illustre bien : « Tout est en perpétuel changement, tout est en mouvement et rien n’est éternel. Ainsi, nous ne pouvons descendre deux fois dans le même fleuve. Car, quand je me baigne la deuxième fois, le fleuve a changé et moi aussi ». La vie est un changement continu.

 

Rien ne vaut la peine d’être trouvé que ce qui n’a jamais existé encore

Theilhard de Chardin

 

La nuit, en regardant un ciel sans nuage et avec une pleine lune qui nous éclaire on aperçoit des étoiles si lointaines, si mystérieuses. Elles nous paraissent immobiles et pourtant elles sont constamment en mouvement. Elles nous émerveillent et nous font sentir si petits dans l’immensité dont nous ne décodons pas qu’une infinie partialité !

Nous, nous sommes émus devant le merveilleux. Les animaux, eux, ne sont pas impressionnés par cet autre monde lointain, au-dessus de leurs têtes, n’en éprouvant aucune conscience. Nous, nous le sommes tellement qu’il nous arrive de nous questionner sur le sens de leur existence et de la nôtre.

La fragilité de cette existence devient évidente lorsqu’on vit des situations de ruptures, des épreuves, des accidents, des maladies. Jim Rohn, entrepreneur et coach de développement personnel dans le monde des affaires, décédé en 2009, écrivait : «Prenez bien soin de votre corps, c’est le seul endroit dont vous disposez pour vivre». Et vivre, c’est d’abord respirer.

 

Le souffle de vie

 

Nous respirons généralement sans nous en rendre compte. La respiration comprend deux mouvements opposés. L’inspiration liée à la vie et l’expiration liée à la mort. On commence notre vie autonome par une inspiration et on la termine par une expiration, un dernier souffle.

Le mot latin spiritus se traduit par souffle de vie ou inspiration. Le nouveau-né commence sa vie autonome par ce souffle de vie. Le mourant, n’ayant plus la force pour une nouvelle inspiration, fait une expiration finale. C’est la fin du cycle. Sans un nouveau souffle de vie, c’est la mort, le mystère, le sacré. «Se sentir inspiré» est aussi associé à un souffle créateur qui nous anime

Dans chacun des cycles respiratoires, tout y est : le mouvement et ses opposés, le début et la fin, la naissance et sa finitude. L’organisme vivant est d’abord et avant tout une respiration, un état d’être dépendant de ce mouvement qui débute et se complète constamment. L’ordinaire paraît dans le fait de respirer et l’extraordinaire est dans la prise de conscience de son mouvement autonome.

Les exercices de respiration et de méditation gravitent autour de ce besoin essentiel pour nous aider à être présent. Ressentir voire même savourer ce souffle de vie, comme on goûte un repas avec appétit. Il ne s’agit que de prendre un bon temps d’arrêt après l’expiration. La limite est vite ressentie et l’air prend tout sa saveur. Respirer c’est exister, et pourtant on en prend si peu ou rarement conscience.

Par l’inspiration et l’expiration, la vie impose sa formule, tout en demeurant un mystère où l’infiniment petit présuppose l’infiniment grand et la noirceur précède la lumière. Au-delà de toute technologie, on peut dire que la vie s’active naturellement, s’actualise consciemment et s’exprime surnaturellement en naissant et renaissant constamment.

Albert Einstein écrivait : «Il n’y a que deux façons de vivre ta vie, l’une est comme si rien n’est un miracle et l’autre comme si tout est un miracle.»

 

À PROPOS DE DENIS GAUTHIER ET PIERRE BRULÉ

Denis est philosophe et Pierre, psychologue. Tous les deux sont détenteurs d’un MBA des universités québécoises. Ils se sont connus durant un cours de philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et ils ont co-écrit le livre Se voir autrement, la conscience et son pouvoir.  Aimant la nature, l’humain et les défis, ils se lancent dans l’aventure d’écrire ensemble cette chronique spirituelle.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

Partager :

Suivez-nous sur Facebook

Suivez la fondation sur Facebook afin de rester informé sur nos activités, nos projets et nos dernières publications.

Je m’abonne

Envie de recevoir plus de contenu?

Abonnez-vous à notre liste de diffusion et nous vous enverrons un courriel chaque fois qu’un nouveau billet sera publié, c’est facile et gratuit.

Je m’abonne