Des femmes inspirantes

Vashti et Esther

photo Lucie Lepine

Par Lucie Lépine

Des femmes inspirantes

27 décembre 2021

Edwin Long, Vashti refusant l’ordre du roi, 1879, Domaine public.

Il était une fois, il y a longtemps, deux femmes audacieuses : Vasthi qui ose dire non au roi Xérès, son époux, et Esther qui réussit à négocier avec ce même roi le salut de son peuple.

Vashti

 

À cette époque, Xérès, roi de Perse, règne sur un très grand empire. Très fier, il veut faire montre de son pouvoir et de ses richesses devant ses chefs, ses serviteurs, ses armées, les nobles et les gouverneurs de ses provinces.

Ne lésinant pas sur la dépense, il organise, dans la cour de son jardin richement décoré, un festin où le bon vin coule en abondance pour toute la population et cela pendant des jours et des jours. On dit que dans l’euphorie du septième jour de beuveries, le roi demande à ses eunuques de faire venir la reine Vashti, qui est très belle, pour exhiber sa beauté devant ses invités, celle-ci faisant partie des possessions dont il s’enorgueillit. Personne ne peut résister, pense-t-il, aux caprices d’un roi si puissant.

Mais Vashti, qui a offert de son côté un banquet aux femmes, refuse de se prêter à ce jeu et désobéit à l’ordre du roi. Celui-ci s’enflamme d’une grande colère, insécurisé par l’autonomie dont fait preuve son épouse. Il craint que toutes les femmes de son royaume agissent avec une même liberté vis-à-vis de leur conjoint et que les hommes perdent ainsi le contrôle si bien établi sur les femmes et soient par le fait même ridiculisés et méprisés.

Sur l’avis des sages qu’il consulte, le roi Xérès décide de renvoyer la reine afin de donner une bonne leçon aux femmes en leur rappelant le respect dû à leur mari qui doit rester maître chez lui.

 

Esther

 

Sa colère apaisée, le roi se souvint de Vasthi, de ce qu’elle avait fait et ce qui avait été décrété contre elle. Alors, sur les conseils de ses serviteurs, celui-ci fait entreprendre des recherches pour trouver une autre femme très belle qui sera la nouvelle reine.

Or, parmi les Juifs qui avaient été déportés de Jérusalem en Perse, certains y sont demeurés même après que la possibilité leur a été offerte de retourner dans leurs pays. C’est alors que de nombreuses jeunes filles juives sont rassemblées à la citadelle de Suse, Esther faisant partie du groupe. Celle-ci sera emmenée auprès du roi qui la préfère à toutes les autres femmes, lui met sur la tête la couronne royale et la fait reine à la place de Vashti. Sur les conseils de son père adoptif Mardochée, Esther ne révèle rien ni de son peuple, ni de ses origines.

Quelque temps plus tard, Aman, un conseiller du roi, suggère de faire disparaître le peuple juif qui veut rester fidèle à la loi de son Dieu et refuse de se prosterner devant le roi. Aussi Mardochée incite-t-il Esther à se présenter auprès du roi afin d’intercéder auprès de lui en faveur du peuple juif.

Esther invite donc le roi à un banquet, s’y prépare dans le jeûne et la prière et le troisième jour se présente devant lui dans toute sa splendeur, ce qui fait «craquer» le roi. Comme elle peut tout lui demander -le roi se disait prêt à lui accorder la moitié de son royaume-, elle le prie d’épargner la vie de Mardochée et celle de son peuple. Xérès accepte et accorde aux Juifs de son royaume le droit de se rassembler et de défendre leur vie. C’est donc pour les Juifs, jour de réjouissance et de libération.

 

Quand on y pense…

 

Malgré le peu de place qu’avaient les femmes dans la société, Vashti dit non à son roi et n’accepte pas que son corps soit un objet de démonstration. Une femme influente, puisqu’on craint que son exemple ait un effet d’entraînement. Aujourd’hui encore des hommes considèrent leur conjointe comme leur possession et osent poser des gestes violents lorsqu’ils sentent leur bien et leur sécurité leur échapper.

On peut éprouver un certain malaise face à Esther, qui ne se distingue pas par sa solidarité féminine : elle aurait pu refuser la royauté. Mais c’était trop demander pour l’époque et le texte a été écrit pour souligner le rôle important qu’elle a joué : Esther a eu la confiance de son peuple et de l’influence face à un souverain; Esther, une femme qui a contribué à la libération de son peuple et a posé un geste politique dans l’histoire. Encore aujourd’hui, les Juifs se rappellent cette femme extraordinaire lors de la fête des Purim. On se souvient encore de ses faits et gestes.

Vasthi, Esther, des femmes inspirantes.

 

Pour savoir plus : le Livre d’Esther

À PROPOS DE LUCIE LÉPINE

Après une carrière en enseignement au primaire et au secondaire, Lucie s’est impliquée au sein des groupes communautaires comme le Carrefour Familial Hochelaga et des associations chrétiennes comme le Centre de pastorale en milieu ouvrier, la Conférence religieuse canadienne et la Fondation de la jeunesse ouvrière, entre autres. Lucie a fait des études bibliques à l’Université de Montréal et aime la vitalité culturelle montréalaise.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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