Échos d'Évangile

Trouver son trésor

Photo André Myre

Par André Myre

Échos d'Évangile

11 novembre 2020

[Mt 13,44] Le régime de Dieu ressemble à un trésor enfoui dans un champ. Un homme le trouve et s’empresse de le cacher à nouveau, puis, tout heureux, il s’en va vendre tout ce qu’il a et achète le champ en question.

45 Ou encore, le régime de Dieu ressemble à un marchand en quête de belles perles. Quand il en a trouvé une de grande valeur, il part mettre en vente tout ce qu’il a puis il l’achète.

 

On passe souvent vite par-dessus ces deux images, trop connues. Elles méritent pourtant qu’on s’y attarde. Chose rare, elles permettent une sorte de percée dans l’âme de Jésus. Il tient au régime de Dieu comme à la prunelle de ses yeux. Il est prêt à tout perdre pour lui. C’est qu’un être humain a la valeur de son espérance : «Là où est ton trésor, là sera ton cœur» (Mt 6,21).

[Une note sur le régime de Dieu. Cette façon de dire l’espérance est morte avec Jésus. Quand le Nouveau Testament a repris l’expression, il lui a donné un autre sens. De nos jours, si nous ne pouvons pas partager l’attente d’une arrivée très prochaine d’un nouveau Régime, nous avons à nous laisser interpeller par deux aspects de la pensée de Jésus. D’abord, s’il attend le régime de Dieu, c’est parce qu’il réprouve radicalement celui sous lequel il vit; et, en conséquence, il se sent appelé à tracer dans sa vie les lignes de force du Régime à venir. Croire en Jésus, c’est faire comme lui dans notre monde.]

 

«Tout vendre ce qu’on a», cela signifie faire continuellement des choix dans la ligne de son espérance.  Des choix qui, au fil des jours, transforment la personnalité et la modèlent suivant la ligne espérée. 

André Myre

 

C’est pourquoi on ne peut à la fois servir «Dieu» et l’Empire ou la société de consommation. Il est impossible de devenir à la fois une chose et son contraire.

Dans l’Histoire, cependant, il est impossible de vivre ailleurs que sous l’influence délétère d’un empire. C’est lui qui occupe toute la place visible, alors que le régime de Dieu est toujours caché, et ne peut être entrevu que si un être humain cherche à se débarrasser de tout pour lui.

De tels textes nous révèlent nos fragilités, nos ambiguïtés. Il nous faut accepter de nous laisser faire mal par eux, ne pas chercher à les adoucir, à les émousser. Quand ils nous rabotent ainsi l’âme, ils sont en train de la creuser pour lui faire voir le trésor du régime de Dieu enfoui. Et ce trésor ne se met pas à la banque, et n’a pas de mots pour se dire.

C’est une poussée, qui monte du fond de soi, et qui fait prendre conscience qu’il existe un Plus Grand que l’Empire, un Plus Grand que ces géants de la technologie et de la finance qui contrôlent le monde pour le détruire à leur profit, un Plus Grand qui œuvre dans la ligne de l’amour, de l’intelligence, de la liberté, du partage. Quiconque trouve ce trésor est soulevé vers l’espérance de ce que Jésus appelait «régime de Dieu».

Remarquons, en terminant, que les deux personnages mis en scène dans les deux paraboles sont des gens à l’aise : un propriétaire terrien qui a les moyens d’agrandir son domaine, et un riche marchand. Bien que typiques de ces humains qui ne veulent rien savoir du régime de Dieu, ils sont à imiter dans les efforts qu’ils sont prêts à faire pour atteindre leur but dans la vie.

 

À PROPOS D’ANDRÉ MYRE

André est un bibliste reconnu, auteur des nombreux ouvrages, professeur retraité de l’Université de Montréal et spécialiste des Évangiles, particulièrement de celui de Marc. Depuis plusieurs années, il anime de nombreux ateliers bibliques.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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