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Le 9 novembre est la fête de la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome. Une grande fête dans le calendrier liturgique. Quel sens donner à la célébration d’une maison de pierres, pour nous chrétiens qui croyons que Jésus est le nouveau temple, l’unique sanctuaire, que l’Église est d’abord une communauté de croyants et non un bâtiment, si important soit-il?
Comme tentative de réponse à cette question, je me propose d’attirer votre attention sur trois points, comme d’habitude : trois patrons, trois bâtiments, trois personnages.
Trois patrons
Commençons par les trois patrons de cette basilique du Latran. De quel saint Jean s’agit-il? Dans la mosaïque de l’abside et dans le baldaquin, on retrouve à la fois saint Jean-Baptiste et saint Jean l’évangéliste. Les deux sont des proches de Jésus, l’un comme précurseur : «Voici l’Agneau de Dieu», l’autre comme évangéliste : «Au commencement était le Verbe». Et voilà que le titre complet de la basilique est celui-ci : Basilique du Très Saint Sauveur et des saints Jean-Baptiste et Jean l’Évangéliste au Latran!
Trois bâtiments
Sur la place du Latran, il y a plusieurs bâtiments. Je m’en tiendrai aux trois principaux : la basilique, le baptistère et le palais. La basilique était à l’origine un lieu profane de réunion politique ou commerciale. Les premiers chrétiens, eux, se réunissaient dans des maisons pour leurs célébrations liturgiques. Avec le développement des communautés chrétiennes et la possibilité pour elles d’être visibles sur la place publique, apparaissent les basiliques comme espaces pour les communautés célébrantes.
La basilique du Latran est la première basilique chrétienne occidentale : elle a été consacrée vers l’an 320. Près de la basilique du Latran, se trouve un baptistère, peut-être le premier au monde. Encore aujourd’hui des baptêmes sont célébrés dans ce lieu : j’en ai été moi-même témoin. Enfin, il y a le palais du Latran, qui fut la résidence du pape pendant mille ans. Au Latran, avec ces trois bâtiments, se trouvent rassemblés les lieux de célébration et de gouvernance de l’Église. Un lien entre l’Église communion et l’Église institution.
Trois personnages
Terminons notre présentation du Latran par la mention de trois personnages : l’empereur, le pape … et le saint! C’est l’empereur Constantin, converti au christianisme, qui fait don à l’Église du domaine pour bâtir la basilique, le baptistère et le palais. La basilique du Latran est la cathédrale du pape, comme évêque de Rome.
Sur le fronton central de la façade de la basilique du Latran, une inscription se lit comme suit : «Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde». Enfin, après l’empereur et le pape, voici le saint : il s’agit de notre Père saint Dominique. La confirmation de l’Ordre des Prêcheurs est en lien avec le quatrième concile du Latran. Dans l’iconographie dominicaine, on voit notre Père Dominique soutenant les murs ébranlés du Latran. Il y a quelques années, le pape a présidé la messe du 800ième anniversaire de l’Ordre à la Basilique du Latran.
Comme conclusion, revenons à l’antienne de l’Alléluia, empruntée au livre des Chroniques : «J’ai choisi et consacré cette maison, dit le Seigneur, afin que mon nom y soit à jamais».
À PROPOS D’YVON POMERLEAU
Après plus de trente ans comme missionnaire au Rwanda, où il a vécu la violence du génocide, et comme conseiller du Maître de l’Ordre des Prêcheurs à Rome, il a été prieur provincial des dominicains du Canada de 2002 à 2010. Aimant de la nature et de l’autre, Yvon participe, entre autres, à l’essor du Foyer du monde, une maison d’hébergement pour demandeurs d’asile et réfugiés à Montréal.
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