Crédit photo : Miriam Castro
Dans La nuit de feu, Éric-Emmanuel Schmitt évoque une expédition faite dans le désert du Sahara, au sud de l’Algérie. Au-delà du récit de voyage, le thème principal de cette autobiographie romancée est la révélation mystique que l’auteur vit le temps d’une nuit. Il y retrouve une foi nouvelle, un sentiment d’éternité et une paix profonde qui l’habitent encore aujourd’hui.
Au début du récit, Éric-Emmanuel Schmitt a 28 ans et une belle carrière en enseignement de la philosophie lui est promise. Son ami Gérard lui propose de devenir scénariste d’un film qu’il projette réaliser sur Charles de Foucauld, un ancien militaire de la France coloniale qui s’est converti tardivement au christianisme. Ensemble, ils font partie d’un groupe de marcheurs guidé par Abayghur, un Touareg originaire du Hoggar.
L’auteur raconte, au fil des kilomètres, au fur et à mesure que le groupe avance, et ce, dans des conditions parfois difficiles, comment des questionnements existentiels et de quête de sens se dessinent : Dieu existe-t-il ? Pourquoi l’univers existe-t-il ? L’ordre du cosmos et de la vie atteste-t-il de l’existence d’un plan dessiné par un esprit supérieur ? Des débats philosophiques et scientifiques intéressants sont soulevés et démontrent le besoin humain de comprendre, «de se rassurer en identifiant les ténèbres, en mettant de l’ordre dans le chaos.»
La nuit de feu
Le point culminant du récit arrive lorsque le groupe s’engage dans une randonnée sur le mont Tahat. Éric se perd et doit passer la nuit seul sous les étoiles qui scintillent, «si proches que j’aurais pu les cueillir.» Mais, il est très inquiet et conscient des dangers qui le guettent dans le désert, un environnement hostile et beau à la fois. Il essaie de s’endormir malgré le froid et la peur. Il passe alors la nuit dans son « sarcophage de sable » pour se protéger. Subitement, il va ressentir une force immense, une sorte de chaleur, l’envelopper et l’inviter à s’abandonner, à naître une deuxième fois.
Cette énergie inébranlable, indomptable, à l’œuvre dans l’univers, je m’absorbe en elle. J’en reçois des messages… Comment ? Qu’ils sont si difficiles ! Non à saisir, car ils s’imposent, mais à transcrire dans le langage. Les mots, ces pauvres mots, n’offrent pas la porte d’accès à ce que je vis.
Éric-Emmanuel Schmitt
Croire et savoir
Schmitt est un auteur prolifique qui a à son actif plus de 40 livres et pièces de théâtre publiés et traduits dans plusieurs langues. Dans La nuit de feu, il livre un récit vivant et concret sur son voyage intérieur, sa conversion spirituelle et sur la grâce de la foi qu’il a reçue au Sahara, mais sans chercher à convaincre.
Pour lui, la croyance se distingue radicalement de la science. «Je ne les confondrai pas. Ce que je sais n’est pas ce que je crois. Et ce que je crois ne deviendra jamais ce que je sais.» Et il ajoute : «En notre siècle où, comme jadis, on tue au nom de Dieu, il importe de ne pas amalgamer les croyants et les imposteurs : les amis de Dieu restent ceux qui Le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant L’avoir trouvé.»
À PROPOS DE MIRIAM CASTRO
Passionnée des voyages et des nouvelles cultures, Miriam décide de s’établir au Québec et obtient une maîtrise en communication à l’UQAM, tout en travaillant comme directrice de la Fondation Père-Ménard. Lorsqu’elle n’est pas en train de courir pour faire sa méditation en mouvement, elle lit, regarde des séries ou partage un bon repas avec les gens qu’elle aime.
Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.
