Chroniques

On ne voit que ce qu’on regarde

Par Denis Gauthier et Pierre Brulé

Chroniques

8 février 2021

Crédit photo : Andriyko Podilnyk / Unsplash

Y-a-il un sens dans ce que l’on vit en relation à la pandémie actuelle du coronavirus ? Au cours de l’histoire humaine, des épidémies ont mis rudement à l’épreuve la résilience des peuples où elles ont fait éclosion durant des années.

 

La peste justinienne ou bubonique a sévi dans le Bassin méditerranéen de 541 à 767, la peste noire s’est rapidement étendue en Europe et dans certaines régions d’Asie de 1346 à 1353 et, plus récemment, l’épidémie de grippe espagnole a frappé partout sur la planète de 1918 à 1920.

Plutôt que de lever la tête pour voir la bête menaçante devant nous, il s’agit maintenant de s’incliner pour la scruter au microscope. Dans sa «colossale petitesse», le coronavirus montre une puissance phénoménale qui devient une source de stress en raison, entre autres, des changements obligés dans nos habitudes quotidiennes et sociales.

 

Apprendre à gérer son stress

 

Comment utiliser le stress présent pour devenir des bâtisseurs de notre monde intérieur ? Il faut rappeler que le stress fait partie intégrante de la vie, c’est une énergie naturelle et vitale. Si nous retenons notre respiration plusieurs secondes, notre corps stresse pour nous rappeler qu’il faut respirer. Il en est de même pour tous nos besoins essentiels.

Chaque personne réagit différemment à une même source de stress en fonction de sa perception du monde, de la façon dont elle a construit ou déformé sa réalité. C’est un phénomène très subjectif. Mais ce qui est important de retenir est que nous avons toujours le choix entre subir le stress ou le gérer. Nous subissons le stress lorsque nous nous portons en victime de la situation en accusant l’autre et en nous défoulant sur tout ce qui bouge. Nous gérons le stress lorsque nous nous portons en agent de changement, en reconnaissant que nous sommes capables de trouver un sens et de tirer des leçons des difficultés dans notre route.

 

On ne voit que ce qu’on regarde.

Maurice Merleau-Ponty

 

Comment faire pour gérer notre stress lorsque le quotidien change du jour au lendemain et des restrictions sont imposées pour combattre un ennemi invisible, un «petit machin» ? Apprendre à gérer son stress commence par voir et se voir autrement. Par exemple, le port du masque obligatoire nous a forcé à ne voir que les yeux des autres personnes. Les autres parties du visage sont couvertes. Alors, nous avons le choix entre détester le fait de ne pas voir le visage de notre interlocuteur, ou bien, nous rendre compte de la beauté de ses yeux.

Il est indéniable que les restrictions sanitaires actuelles nous placent devant nos peurs, non seulement la peur de la maladie et de la mort associées à la COVID-19, mais aussi la peur de l’ennui, de la solitude, du silence et du changement, pour ne nommer que quelques-unes. Le culte de la performance et la quête d’amélioration continue, présents dans nos sociétés, provoquent le phénomène de vouloir toujours avoir plus, de toujours être mieux, comme les seuls chemins d’atteindre le «bonheur». Cependant, on dirait que le «bonheur» est rarement là où on est et se retrouve souvent un pas devant nous.

Voyons le contexte actuel comme une occasion unique de ralentir notre rythme de vie effréné pour relaxer, méditer et apprendre à apprivoiser ce qui a plus de valeur dans notre vie.

 

À PROPOS DE DENIS GAUTHIER ET PIERRE BRULÉ

Denis est philosophe et Pierre, psychologue. Tous les deux sont détenteurs d’un MBA des universités québécoises. Ils se sont connus durant un cours en philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et ils ont co-écrit le livre Se voir autrement. La conscience et son pouvoir. Aimant la nature, l’humain et les défis, ils se lancent dans l’aventure d’écrire ensemble cette chronique spirituelle.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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