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Le temps est insaisissable. Qui veut l’arrêter un instant, et c’est déjà demain. Ainsi, les moments de bonheur passent trop vite, tandis que le malheur s’éternise.
On rends le temps responsable des étapes de la vie. Il prolonge la maladie et vient chercher ceux qu’on aime. Il se change en ennemi pour briser et détruire une vie, un amour, un printemps. Il façonne les vies.
Le temps peut être duperie; un rocher qui s’érige, couronnant de gloire une vie qui, en un instant, se fissure en millions de grains de sable. L’amour est la seule armure que le temps ne peut effriter. Lui seul peut traverser sans entrave et sans âge la vérité d’une vie.
Le temps perdu est celui de la haine, de l’avarice, de la vengeance, de la rancune, du mépris, du rejet et de tout ce qui n’est qu’orgueil et vanité. Même le marbre ne peut se souvenir si l’amour ne l’a pas transfiguré en visage et en beauté.
Il y a aussi le temps de la douleur et des révoltes que l’on voudrait voir sombrer dans les abîmes. Des souffrances innommables ne demandent qu’à tuer le temps, pour que s’arrête ce chapelet de pleurs et des larmes. Le temps n’est pas un jeu. Il est ce qui tue. Le tic-tac infini ne s’arrête qu’une fois, une seule fraction de seconde pour marquer la mort d’éternité. Impossible de négocier le passage du temps : on risque de tout perdre, car le temps qui passe ne s’achète pas.
Il faut apprendre à respecter son rythme. Il y a le temps de l’enfance et son émerveillement. Le temps du logis familial et le temps de faire ses bagages. Celui pour préparer les semailles et pour en recueillir les fruits. Le temps de l’amour et celui des blessures.
Il faut devenir patient car la mémoire est plus vaste, et le temps plus court. On ne peut l’endiguer pour conserver la jeunesse. Il coule toujours au même rythme, et tout dépend ce que tu y mets dedans. Il ne se mesure qu’au degré de l’amour. Dans la nuit hivernale ou les jours de soleil, tout se vit dans le temps, avec lui et non contre lui.
*Extrait du livre Le Passeur de l’Île d’Entrée, de Fernand Patry, Éditions Libre Expression, Québec 2005. p. 122-124. Diffusé avec l’autorisation préalable de l’auteur.
À PROPOS DE FERNAND PATRY
Après avoir œuvré dans les domaines de l’enseignement, des communications et du milieu des affaires et après une expérience comme coopérant en Afrique, Fernand a été ordonné prêtre en 1986. Il a été curé de la paroisse Notre-Dame-de-Grâce de Montréal pendant 12 ans. Auteur de plusieurs ouvrages et conférencier, il est également intervenant en soins spirituels des grands centres hospitaliers à Montréal. Très impliqué, Fernand est devenu le chef de service par intérim des soins spirituels du CHUM et directeur du Centre de recherche et de formation en soins spirituels. En 2015, Fernand devient le PDG de la Fondation Jeanne-Mance et lui donne une nouvelle vocation, soit l’accompagnement spirituel en soins palliatifs et en fin de vie à domicile. Un service d’accompagnement par des professionnels de la santé formés en accompagnement et offert gratuitement à la population québécoise.
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