Suggestions de lecture

L’Évangile de Marie-Madeleine

photo Miriam Castro

Par Miriam Castro

Suggestions de lecture

2 novembre 2022

Crédit photo : Miriam Castro

Ce livre relate une fiction imaginée par Fernand Patry où la découverte de 14 lettres écrites de la main de Marie-Madeleine est à l’origine d’une relecture contemporaine du message de Jésus et du christianisme.

L’histoire commence par l’interruption de l’ordination sacerdotale de Sébastien Perron, un jeune dominicain québécois spécialiste en exégèse biblique de l’École biblique de Jérusalem. L’annulation vient directement du Vatican, car on lui reproche que sa conduite a «failli ternir la réputation de sainteté de l’Église».

Ainsi, le récit nous fait part de l’aventure vécue par un jeune dominicain qui vit d’énormes difficultés à divulguer l’existence des lettres dictées par Jésus et écrites de mémoire par Marie-Madeleine durant son exil. Les autorités ecclésiales essaient de les garder secrètes pour «éviter d’embrouiller les consciences» des fidèles, car l’Église a toujours enseigné que Jésus n’avait laissé aucun écrit.

Ainsi, au-delà d’une intrigue bien ficelée, ce qui retient l’attention du lecteur est le contenu des lettres elles-mêmes, car elles rapportent le message que Jésus a confié à Marie-Madeleine, sa «disciple bien-aimée».

 

Les manuscrits

 

Le roman raconte que les lettres ont été trouvées dans la grotte de la Sainte-Baume, un sanctuaire tenu par les pères dominicains de la région de Provence en France. Selon la légende, Marie-Madeleine a été expulsée de Palestine avec plusieurs disciples de Jésus lors des premières persécutions contre les chrétiens après l’Ascension.

Quelque temps après, Marie de Magdala est arrivée à Marseille en compagnie de son frère Lazare, puis elle s’est établie dans cette montagne escarpée, dans la grotte qui depuis porte son nom, pour prier et contempler Dieu dans la solitude. Elle y vécut pendant 30 ans.

Chacune des missives est adressée à un personnage de la vie de Jésus qui, en l’occurrence, fait face à un défi bien particulier. Ainsi, une lettre parle de l’égalité des hommes et des femmes, y compris dans la distribution des tâches pastorales, une autre porte sur les rapports qui unissent parents et enfants, une troisième traite des défis de l’amour et de la vie, et ainsi de suite.

 

Je sais combien tu veilles sur ton épouse et tes deux filles. En Juif fidèle à la tradition, tu exerces sur elles ton pouvoir de mari et de père tel que le demande la Loi. Eh bien, moi je te dis que les femmes sont nées de la même vie divine qui t’habite. Elles peuvent exercer avec la même autorité les responsabilités qu’on leur confie. J’ose espérer qu’un jour des femmes disciples exerceront la tâche que toi-même tu assumes, animées du même esprit qui t’habite. Sans trahir la tradition, il faut s’ouvrir aux changements. On ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres, sinon elles éclatent et le vin se répand.

(Extrait du manuscrit à Simon-Pierre, p. 114)

 

D’après le récit, cette lettre, envoyée à celui dont on dit qu’il fut le premier pape, démontre que Jésus voulait changer la société de son temps. Il n’aurait pas été condamné et mis à mort sans raison ; il dérangeait les autorités qui voulaient détenir le pouvoir et refusaient de le partager. Voici une autre lettre, adressée cette fois à un militaire romain :

 

Tu portes sur ta poitrine ce médaillon d’or, cadeau de César, pour avoir triomphé de tes ennemis. Eh bien ! moi je te dis, Ætius, que mon Dieu n’aime pas l’or, car il défigure la beauté des êtres et fait obstacle au rayonnement de l’esprit. Tu me diras qu’il y a pourtant beaucoup d’or dans le Temple de Jérusalem, et tu as raison. Mais je te dis aussi que mon Dieu n’habite plus, depuis que l’on a voulu l’enfermer dans l’obscurité, derrière le rideau du sanctuaire et depuis que les prêtres du Temple de Jérusalem se sont mis davantage au service de l’or du temple que des plus pauvres et des plus démunis. Car le véritable temple de Dieu, c’est la personne. Toi aussi, Ætius, tu es le temple de Dieu que l’empereur ne peut ni acheter ni posséder.

(Extrait du manuscrit à Ætius, p. 204-205)

 

La beauté du livre, c’est qu’il nous rappelle que le message de Jésus est très actuel et se veut proche du quotidien, car ce dernier se préoccupait davantage de la dignité humaine, des injustices, de la violence faite aux plus faibles, des inégalités sociales. «Il ne voulait pas seulement être différent des autres, il voulait profondément que chaque personne se révèle telle qu’elle est. Ce souci de respect et de vérité a marqué tout son enseignement».

 

Du même auteur :

 

Le Promeneur et le Jardinier, Le Passeur de l’Île d’Entrée, Amours et turbulences : entretiens avec Gilda Routy, Sentinelle dans la nuit, Vivre au présent le deuil, etc.

 

À PROPOS DE MIRIAM CASTRO

Passionnée des voyages et des nouvelles cultures, Miriam décide de s’établir au Québec et obtient une maîtrise en communication à l’UQAM, tout en travaillant comme directrice de la Fondation Père-Ménard. Lorsqu’elle n’est pas en train de courir pour faire sa méditation en mouvement, elle lit, regarde des séries ou partage un bon repas avec les gens qu’elle aime.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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