Suggestions de lecture

Le Christ philosophe et l’importance du cheminement intérieur

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Suggestions de lecture

11 décembre 2019

Frédéric Lenoir, philosophe et historien des religions de même qu’auteur d’une trentaine d’essais et de romans, nous propose un voyage passionnant où le héros n’est pas seulement le Christ, mais son message, véhiculé et interprété par le christianisme et remodelé et réinventé par la modernité.

 

Jésus, cet être à la fois humble et révolutionnaire, a livré un message simple, porteur d’une éthique de valeurs universelles comme l’égalité, la liberté de l’individu, l’émancipation de la femme, la justice sociale, la séparation des pouvoirs, la non-violence et le pardon, l’amour du prochain. Ce message a bien sûr été repris par le christianisme et d’autres religions dont il forme la base, mais cette appropriation religieuse n’a jamais été l’objectif poursuivi par le Christ.

C’est qu’il «relativise la religion extérieure et montre que l’attitude religieuse, aussi utile et légitime qu’elle puisse être, n’est pas suffisante si elle n’est pas intérieure et vraie. Ainsi comprise, la parole de Jésus ne remet pas en cause l’attitude religieuse en tant que telle, elle la recentre sur l’essentiel. Elle ne rend pas caduque l’existence de rituels, d’institutions, d’actes religieux collectifs : elle affirme qu’il ne s’agit là que de moyens et non de fins.»

 

Si les droits de l’homme sont nés en Occident, c’est parce que l’Occident était chrétien et que le christianisme n’est pas qu’une religion

Frédéric Lenoir

 

Pour éclairer et justifier son propos, Lenoir nous fait revivre l’histoire, à partir des premiers philosophes, en passant par l’Empereur Constantin qui dès l’an 313, a fait passer le christianisme «du rang de religion persécutée à celui de religion reconnue et surtout privilégiée dans le vaste Empire romain qui s’étend autour du Bassin méditerranéen et sur une grande partie de l’Europe.»

Mais elle renaîtra «mille ans plus tard, lorsque les penseurs de la Renaissance et des Lumières s’appuient sur la “philosophie du Christ”, selon l’expression d’Érasme, pour émanciper les sociétés européennes de l’emprise des pouvoirs religieux et fonder l’humanisme moderne.»

 

Frédéric Lenoir. Crédit photo : Catherine Thivent

L’histoire du christianisme

 

En cette époque, où l’idée même de religion est souvent remise en question, il est instructif et rafraîchissant de constater que «l’histoire du christianisme ne se résume pas aux bûchers de l’Inquisition, ni aux conversions forcées, ni aux États pontificaux, ni aux croisades, ni à la débauche sexuelle des papes de la Renaissance ou aux prêtres pédophiles actuels, ni à la condamnation de Galilée, ni au massacre des Juifs et des païens.»

L’auteur nous convie plutôt à nous souvenir «des évêques qui créent des asiles pour recueillir les pauvres et les malades, des martyrs qui refusent d’abjurer leur foi, des moines qui renoncent à tout pour prier pour le monde, des saints qui embrassent les lépreux et consacrent leur vie aux plus démunis, des bâtisseurs de cathédrales et des chefs-d’œuvre artistiques inspirés par la foi, des missionnaires qui créent des écoles et des dispensaires, de savants théologiens qui fondent des universités, des simples et innombrables fidèles qui pratiquent le bien au nom de leur foi.»

 

Le cheminement intérieur

 

L’épilogue consacré à la rencontre de Jésus avec la Samaritaine illustre magnifiquement la thèse générale de l’ouvrage. «Ce n’est ni à Jérusalem, ni sur cette montagne que vous adorerez.» dit Jésus (Jean, 4, 22).  Le message du Christ philosophe souligne donc l’importance du cheminement intérieur. «Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer.» (Jean, 4, 24).

Pour Frédéric Lenoir, si Nietzche a affirmé que «Dieu est mort et c’est nous qui l’avons tué.», Odon Vallet, historien des religions et médiologue français, lui répond : «Dieu n’est pas mort, il a changé d’adresse».

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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