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La spiritualité motive l’être humain à devenir ce qu’il doit être tout en continuant de développer ce que la Parole a commencé en lui. L’aspect transcendantal de l’homme, qui fait référence à sa capacité à se connecter à des réalités supérieures et invisibles, l’amène nécessairement à la foi, c’est-à-dire, à avoir confiance.
Par exemple, chez les agriculteurs, semer est, avant tout, un geste de foi envers la générosité de la nature, quelles que soient les conditions du terrain. Ce geste incarne la confiance en un processus plus vaste que l’humain.
L’homme ne connaît, à vrai dire, qu’un seul adversaire, c’est lui-même, et si l’on peut craindre, hélas, qu’il ne soit assez déraisonnable pour s’infliger les pires blessures, on ne peut douter que, malgré toute sa folie, il réussisse à s’exterminer.
Jean Rostand[1]
L’être humain, avec l’aide de sa conscience et en surpassant son mental, a la capacité de transcender les choses. De ce fait, il peut ajuster son stress positivement, se dépasser lui-même. Une grande part de l’humanité est en réalité à la recherche d’une seule et même chose : le pouvoir du dépassement de soi.
C’est le cas autant chez les croyants que les non-croyants, ou chez ceux qui croient en eux ou à un Être supérieur. Par exemple, «sila», chez les Inuits, définit ce qu’il y a de plus profond dans l’humain : sa raison, son intelligence et surtout, ses croyances. Ce pouvoir de dépassement peut aussi être perçu comme un système de pensée strictement rationnel : la science marxiste, par exemple.
Parfois, ce pouvoir de dépassement prend la forme d’êtres suprasensibles, donc difficilement perceptibles, dont certains attributs transcendent ceux de la commune humanité. Ces êtres peuvent appartenir totalement ou partiellement à la nature, comme c’est le cas pour le culte des ancêtres ou pour les contacts extrahumains. En outre, ces êtres peuvent servir à se rattacher à un monde Autre perçu comme spirituel, comme le font les religions monothéistes. Enfin, l’être humain, par son pouvoir de dépassement, de changement de paradigmes, ose l’aventure.
La vie est un mouvement continu. À chaque instant, notre organisme évolue : nous ne sommes jamais les mêmes. Nous vieillissons sans avoir de contrôle sur le temps, tout comme il est impossible d’arrêter le vent. Pour les philosophes, l’essentiel de l’être vivant se résume à «naître pour mourir et pour apprendre à mourir» . Là où se présente une réalité désespérante, l’esprit se révèle et le plaisir d’apprendre change la donne du tout au tout. En apprenant, en se dépassant, on s’intéresse, on s’expérimente.
Pourtant, il suffit des virus pour que le cours de nos vies soit bouleversé. Or, Sénèque disait : «Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie.» On ne doit pas attendre qu’une entreprise soit mûre pour la commencer. Il faut saisir l’occasion au vol, oser l’inconnu, précéder l’avenir, tenter l’aventure. De toute façon, cette pandémie nous a bien appris que plus rien ne sera comme avant et qu’il nous faudra développer nos ressources intérieures pour être en mesure de vivre dans un monde imprévisible.
Note :
[1] Jean Rostand (1894-1977) est un écrivain, moraliste, biologiste, historien des sciences et académicien français.
À PROPOS DE DENIS GAUTHIER ET PIERRE BRULÉ
Denis est philosophe et Pierre, psychologue. Tous les deux sont détenteurs d’un MBA des universités québécoises. Ils se sont connus durant un cours en philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et ils ont co-écrit le livre Se voir autrement. La conscience et son pouvoir. Aimant la nature, l’humain et les défis, ils se sont lancé dans l’aventure d’écrire ensemble cette chronique spirituelle. Pierre est décédé en août 2023. Les textes qu’il a écrit avec Denis continueront à être publiés.
Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.




