Suggestions de lecture

La philosophie de la religion

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Suggestions de lecture

6 avril 2022

Détail de la page couverture du livre

Professeur titulaire au Département de philosophie de l’Université de Montréal, Jean Grondin expose dans son livre le dialogue fécond qu’ont toujours poursuivi la religion et la philosophie.

 

Suivant une «représentation tacitement chrétienne», la religion :

  1. relève d’abord de la foi personnelle;
  2. cette religion, sertie d’une métaphysique, croit en un Dieu unique, transcendant et éternel;
  3. se traduit par un culte défini;
  4. édicte des préceptes moraux (les Dix Commandements , le sermon sur la montagne, la casuistique);
  5. s’incarne dans une institution, quasi politique, une «Église», qui a sa hiérarchie de clercs, ses prêtres, ses rabbins ou ses chamanes , voire son chef;
  6. se définit par des dogmes ou des articles de foi, dont on suppose,
  7. sont inspirés par des textes sacrés, transmis par une révélation et portés par une tradition.

 

Mais puisque l’on compte maintenant plus de 10 000 dénominations religieuses, qui témoignent de «la diversité de leurs origines culturelles et historiques», peut-on parler d’une philosophie de la religion?

 

Pourquoi vit-on? La philosophie jaillit de cette énigme, sans ignorer que la religion cherche à y répondre. La tâche d’une philosophie de la religion est de méditer le sens de cette réponse et la place qu’elle peut tenir dans l’existence humaine, à la fois individuelle et collective.

Jean Grondin

 

Cette essence — «ce culte croyant» — est recherchée depuis des millénaires, passant par le monde grec avec les philosophes présocratiques, Socrate, Platon, Aristote et tant d’autres.

 

Le concept de religion dans le temps

 

Par exemple, pour Platon, «la religion comporte deux niveaux de réalité : la réalité immédiatement visible que l’on voit avec les yeux du corps; […] le monde intelligible qui transparaît dans le monde sensible, à travers la beauté, la justice, l’harmonie, mais que l’on ne peut voir proprement qu’avec l’œil de l’âme, le regard de l’esprit, à la faveur d’une intuition directe, aveuglante pour celui qui n’y est pas habitué. Ce monde est à son tour régi par un roi, l’idée du Bien.»

Dans l’hellénisme, «religion et philosophie se confondent : les deux doivent conduire à une forme de bonheur ou de salut.»

Puis arrive le monde latin. Entre autres, Augustin raconte dans ses Confessions sa triple conversion, d’abord à la philosophie, puis au platonisme, et enfin au christianisme, où après une révélation (la lecture d’un passage de l’Épître aux Romains), il reçoit ce «rite initiatique de l’Église catholique, le baptême, qui le purifiera de ses péchés».

Vient ensuite le monde médiéval où l’homme connaîtrait une émancipation de sa «tutelle religieuse». Et enfin, le monde moderne, où l’on peut observer «deux déplacements silencieux, mais tectoniques». C’est que «la religion est de plus en plus perçue comme une affaire intérieure, voire privée, relevant de la seule conviction».

 

Philosophie et religion

 

En conclusion, l’auteur nous parle de la «reconnaissance d’une descendance ou d’une dette plus ou moins avouée, en regard de la religion». La modernité s’est certes approprié «une critique radicale de la religion». Mais souligne-t-il, «on en vient ainsi à une philosophie sans religion, laquelle reste, qu’elle le reconnaisse ou non, une philosophie de la religion». Celle-ci se veut, poursuit-il, «une réflexion sur l’essence oubliée de la religion et ses raisons, voire sa déraison».

Et qu’il s’agisse de philosophie pure ou de croyances, de débat critique ou de cultes, on assiste en fin de compte à une authentique et constante recherche du bonheur et de la dignité chez l’humain, parfois sous le regard d’un Dieu (ou de dieux?) bienveillant.

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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