Des femmes inspirantes

La femme adultère

photo Lucie Lepine

Par Lucie Lépine

Des femmes inspirantes

26 octobre 2022

Crédit photo : ginosphotos / iStock

Le récit (Jn 8, 1-11) nous fait entrer au cœur de l’univers juif où Jésus parle aux gens avec un succès qui exaspère les scribes et les Pharisiens. Ceux-ci lui amènent une femme adultère qu’on a surprise en flagrant délit. Ces gardiens de la Loi veulent savoir ce qu’il en pense, afin de ternir sa renommée et de contribuer à sa perte.

En effet, si Jésus disculpe cette femme, il contredit la Loi de Moïse et ils pourront l’accuser. S’il confirme le jugement, il est pris en défaut car la décision de la mise à mort revient aux autorités romaines.

Mais Jésus ne répond pas, il se met à gribouiller sur le sol. Geste qui a fait couler beaucoup d’encre chez les exégètes depuis des siècles. On dirait qu’il se désintéresse du débat en cours, comme s’il voulait se taire, comme s’il refusait de répondre, dit France Quéré [1].  Et comme ses adversaires continuaient à le questionner, Jésus finit par leur dire: Est-ce que votre chemin de vie est sans failles? Si vous non plus n’êtes pas parfaits, vous êtes bien placés pour comprendre le cheminement de cette femme qui cherche un sens à sa vie.

Les accusateurs passent au rang d’accusés. Et même s’ils se pensent sans péché, ils n’ont pas l’autorité de lancer la première pierre et de tuer cette femme. Ils devaient la référer à l’autorité romaine. Et comment un être sans péché peut-Il commettre un meurtre…  Ils sont pris au piège, et ils partent en ayant l’air d’être eux aussi vulnérables et donc sans aucune légitimité leur permettant de sévir. Jésus renvoie donc la femme libre de toute accusation, mais responsable de sa propre vie.

 

Réflexions

 

  • Tout le monde sait que l’adultère suppose deux personnes. Où est donc son partenaire? Pourtant, dans Dt 22,22, il est dit : «Si l’on surprend un homme couchant avec une femme mariée, tous deux devront mourir, l’homme qui a couché avec la femme et la femme elle-même.» Le fait que les scribes et les Pharisiens ne présentent à Jésus que la femme coupable, en laissant son complice dans l’ombre, montre bien le mépris qu’entretiennent les Maîtres de la Loi vis-à-vis des femmes en interprétant la Loi à leur façon.
  • Jésus nous apprend que la Loi n’est pas ce qui doit mesurer notre attitude vis-à-vis de notre prochain. La miséricorde ne s’écrit pas dans une loi rigide, ni dans un dogme, ni dans un Credo. La miséricorde s’inscrit dans la fragilité de nos vies.
  • Jésus respecte la Loi. Il va même jusqu’à la parfaire. On lui fait dire en Mt 5,28 : «C’est déjà commettre l’adultère avec une femme que de la désirer du regard». Il nous montre un chemin qui n’a pas de bout, tout en nous invitant à toujours marcher vers ce but ultime en nous pardonnant et en pardonnant aux autres de n’être pas arrivés encore à terme. Qui sommes-nous pour penser que nous avons tout fait pour notre planète et nos frères et sœurs? Qui sommes-nous pour penser que nous avons tout fait pour établir un projet de société qui respecte tous les humains  Qui sommes-nous pour penser que nous sommes au bout du chemin et qu’il ne nous reste plus rien à faire? Jésus dénonce la malice des accusateurs et leur hypocrisie.
  • Jésus veut qu’on relie Loi et amour des autres. J’ai fait partie d’une communauté dans laquelle, à l’époque, la loi du silence s’imposait à partir de 21 heures. Mais une réflexion commune amena les plus jeunes à penser que si une compagne avait de la peine, il convenait de faire fi de la loi et d’aller la trouver. Cela a toujours été le chemin de l’Évangile.
  • L’attitude de Jésus a été libératrice. Si la condamnation rebute, la compréhension pourrait-elle aider quelqu’un à reprendre la route?  Ce qui ne nous empêche pas d’être lucides et de condamner les systèmes qui créent la mort, si sacrés prétendent-ils être.

 

Notes :

 

[1] France Quéré, Les femmes de l’Évangile, Éditions du Seuil, Paris,1982.

 

À PROPOS DE LUCIE LÉPINE

Après une carrière en enseignement au primaire et au secondaire, Lucie s’est impliquée au sein des groupes communautaires comme le Carrefour Familial Hochelaga et des associations chrétiennes comme le Centre de pastorale en milieu ouvrier, la Conférence religieuse canadienne et la Fondation de la jeunesse ouvrière, entre autres. Lucie a fait des études bibliques à l’Université de Montréal et aime la vitalité culturelle montréalaise.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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