Chroniques

«J’ai besoin d’une communauté»

photo Lucie Lepine

Par Lucie Lépine

Chroniques

31 mars 2021

Crédit photo : Palidachan / iStock

Jésus n’a pas fondé d’Église. Après sa mort, ses partisans ont fait mémoire de lui et ont senti le besoin de se rassembler pour parler de lui et continuer de marcher sur la route qu’il avait tracée.

 

Les fidèles à Jésus étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières… Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimes, ils se rendaient chaque jour au Temple; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur.

Actes des apôtres, 2,42.44-46

 

On peut penser qu’il y a là une description quelque peu idyllique, mais il reste que nos rassemblements dominicaux dans les églises se sont largement éloignés de cette simplicité première. Permettez que je me distancie de cette Église qui ne m’aide pas à bien vivre dans notre monde d’aujourd’hui. Je m’identifie pourtant comme croyante, parce que je crois qu’essayer de vivre, avec d’autres, dans cette lignée et sur ce chemin, pourrait contribuer à bâtir une société qui ait du sens.

Je n’exclus pas qu’il y ait d’autres grandes traditions qui peuvent travailler à la transformation du monde. Mais la mienne se situe sur le chemin de Jésus, et, si ce que j’y trouve me dynamise, l’interpellation qui m’est lancée n’est pas de tout repos. C’est pourquoi j’ai besoin d’une communauté ou d’un réseau, pour ne pas dévier ou m’attarder sur la route.

Ma petite Église, ce sont deux communautés de base auxquelles je participe depuis le début des années 80, et qui existaient avant que je me joigne à elles. Elles se rencontrent un dimanche par mois, s’inscrivant bien dans la tradition. Ces deux communautés sont anonymes. Dans mon agenda, j’inscris : groupe de Montréal, ou groupe de Ville St-Pierre-Lachine-Châteauguay.

 

Partage autour d’une parole d’évangile

 

Les membres du groupe de Montréal arrivent au local prêté par la Fondation de la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) vers 9h45 pour le temps du partage informel des nouvelles. Si la communauté compte une vingtaine de participants, chaque rencontre en regroupe une quinzaine. Avec le temps, il y a sûrement quelques centaines de personnes qui sont venues au moins à une rencontre.

Vers 10h15, commence le partage autour d’une parole d’évangile, à partir d’un bref commentaire rédigé par un bibliste membre du groupe. Le texte est rédigé dans le but de provoquer une parole libératrice chez des personnes en quête de sens. Au début, l’auteur rappelle la signification du texte, et lui ajoute une piste de réflexion. Puis chaque personne s’exprime en fonction de ses expériences de vie, et, peu à peu, surgit une ligne d’interprétation qui donne sa couleur à la rencontre.

De façon surprenante, chaque fois, il y a un Sens qui se dégage de l’intériorité de chacune et chacun, un Sens qui plonge ses racines dans la vie du Nazaréen et qui nourrit les participants. Un peu avant 12h00, il y a partage du pain et du vin, à la suite du rappel des paroles de Jésus, parole prononcée par tous les participants et participantes, à qui il incombe, en effet, de faire mémoire de son dernier repas. La rencontre se termine par le Notre Père et le «prône» : annonce d’événements pouvant intéresser les membres de cette communauté. Après, les personnes qui le désirent se retrouvent au restaurant pour manger ensemble.

La communauté de Ville Saint-Pierre-Lachine-Châteauguay procède de la même manière à l’exception que les réunions se tiennent dans chacune des «bulles» familiales. Après la rencontre, chaque famille permet que se poursuive le partage du pain et du vin dans celui d’un repas fraternel.

 

Continuer à tracer le chemin de Jésus

 

Aucun membre de ces deux communautés n’a vendu ses biens au profit des pauvres, mais il est très émouvant de constater l’ampleur des engagements de chacune et de chacun, ainsi que le souci de prendre soin les uns des autres. La santé de l’entourage est une préoccupation quotidienne.

Le soutien des groupes communautaires, en participant à leurs activités ou en supportant leurs conseils d’administration, demande beaucoup de temps. Il y a le développement international à soutenir, l’environnement à protéger, la lutte contre la faim et la misère à poursuivre. Ces communautés regroupent des gens qui ont toujours été engagés socialement, et qui ont une analyse critique de notre société.

À leur façon, à la fois marginale, effacée et sans éclat, les membres de ces deux communautés continuent à tracer le chemin de Jésus. Ce sont mes frères et mes sœurs, sans qui je ne saurais ni ne pourrais tenter de vivre comme lui aujourd’hui. Dans mon prochain texte, je vous parlerai de mon réseau d’engagement.

 

À PROPOS DE LUCIE LÉPINE

Après une carrière en enseignement au primaire et au secondaire, Lucie s’est impliquée au sein des groupes communautaires comme le Carrefour Familial Hochelaga et des associations chrétiennes comme le Centre de pastorale en milieu ouvrier, la Conférence religieuse canadienne et la Fondation de la jeunesse ouvrière, entre autres. Lucie a fait des études bibliques à l’Université de Montréal et aime la vitalité culturelle montréalaise.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Toutes les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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