Chroniques

«J’ai besoin d’un réseau d’engagement»

photo Lucie Lepine

Par Lucie Lépine

Chroniques

28 avril 2021

Crédit photo : Hannah Busing / Unsplash

Dans mon dernier article je vous ai parlé de mon appartenance à deux communautés de base. Aujourd’hui, je veux vous présenter deux réseaux d’engagement qui sont importants pour moi. Mon réseau, c’est le Carrefour, participation, ressourcement et formation (CPRF), lequel réunit des membres qui forment un filet serré.

 

Par diverses activités de formation et de ressourcement, ce groupe vise à soutenir et à dynamiser les personnes et les organisations impliquées dans la transformation sociale. Son option affirmée en faveur des personnes et des peuples appauvris, victimes d’injustice, est son assise pour actualiser une analyse critique qui s’incarne dans son approche d’éducation populaire autonome.

Par ses activités et ses implications, le CPRF cherche à bâtir une société écologiquement responsable et inclusive où toutes les personnes sont respectées et reconnues ; où les femmes et les hommes sont traités également ; où la richesse est partagée équitablement; et où les citoyen-NEs participent démocratiquement aux enjeux actuels et futurs.

Par sa vie associative, il offre à ses membres un espace de réflexion et de solidarité où les liens, marqués par la bienveillance, créent une communauté d’appartenance.

 

Une lecture libératrice de la Bible

 

Avec des membres, toujours en lien avec l’engagement social, le CPRF organise les soirées «Comprends-tu ce que tu lis ?», soirées organisées autour de textes bibliques pour en acquérir les clefs qui en permettent une lecture libératrice vis-à-vis d’une institution qui a souvent une approche non évangélique. Cette approche nous motive aussi à des actions concrètes pour faire arriver un nouveau projet de société. Il organise aussi le «Carrefour Montréal», des temps pour nous permettre de reprendre notre souffle au cœur de nos engagements, de resserrer les liens de solidarité, de vivre et de célébrer ensemble nos convictions.

J’ai travaillé six ans comme formatrice dans ce groupe et j’ai le privilège de garder contact depuis ce temps comme membre bénévole. Je me sens proche des valeurs qui y sont véhiculées et en communion avec ses membres. Je continue de donner du temps à ce groupe mais j’y reçois encore plus. J’y reçois le goût de continuer à m’impliquer pour faire un monde meilleur. J’y rencontre des frères et des sœurs, une fraternité qui a des racines beaucoup plus profondes que le partage d’une religion commune.

 

Une formation dans l’action

 

J’ai aussi été présente près de vingt ans auprès des jeunes travailleur-euses 18-30 ans. La Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) a été fondée en 1932 par un prêtre ouvrier belge, Joseph Cardijn, qui disait : «Un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde.» Elle est un mouvement d’éducation et de formation à travers l’action. Ce qui fait la force de la JOC, c’est que toutes les activités sont menées à partir de la réalité des jeunes, afin de changer leurs conditions de travail, de loisirs, de vie affective.

À travers leur action, les jeunes travailleurs-euses apprennent à bâtir un projet de société nouvelle. Ils découvrent ensemble des valeurs de partage et de solidarité, ce qui entraîne un nouveau mode de vie. Ils luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et la défense de leurs droits dans le courant d’un changement social. Le «pour-avec-par les jeunes» contribue à façonner un groupe qui est dirigé et géré par les jeunes eux-mêmes, et sa pédagogie centrale de la révision de vie «VOIR-JUGER-AGIR» est devenue une méthode largement diffusée dans les groupes populaires.

Elle a mis plusieurs services sur pied, tels que le bénévolat auprès des malades, l’épargne et le placement, l’aide aux prisonniers, etc. Mais les jeunes ont toujours d’abord travaillé ensemble pour la défense de leurs droits, en vue d’un changement de société. En l’an 2000, par exemple, la JOC a demandé une réforme en profondeur de la Loi sur les normes du travail. Le mouvement est une grande famille où l’accueil, la fête, la fraternité sont des valeurs importantes.

 

De l’engagement dans les mouvements populaires

 

J’ai partagé avec ces jeunes leurs défis, leurs joies, leurs questionnements, leurs difficultés sur le plan personnel et j’ai été émue de leur générosité. Je connais beaucoup de personnes qui ont été formées par la JOC, et qui ont poursuivi leur engagement dans le mouvement populaire, dans les syndicats, dans des groupes de développement international, ou encore en politique. Je peux témoigner que leur formation dans la JOC a contribué à faire d’elles de bien belles personnes.

Mon réseau, ce sont aussi des frères et des sœurs de toutes traditions, des frères et des sœurs agnostiques ou athées, qui vivent selon ces valeurs et visent à construire une société plus juste pour tous et toutes. Je pense à tant de groupes populaires, qui luttent pour l’accès à un logement à prix modique, ou contre la pauvreté, ou contre la violence, ou pour le droit à la dignité de toute personne humaine. J’ai besoin de tout ce beau monde pour continuer à marcher sur le bon chemin.

 

Texte écrit en collaboration avec Guy Fortier, formateur au Carrefour, participation, ressourcement et formation (CPRF).

 

À PROPOS DE LUCIE LÉPINE

Après une carrière en enseignement au primaire et au secondaire, Lucie s’est impliquée au sein des groupes communautaires comme le Carrefour Familial Hochelaga et des associations chrétiennes comme le Centre de pastorale en milieu ouvrier, la Conférence religieuse canadienne et la Fondation de la jeunesse ouvrière, entre autres. Lucie a fait des études bibliques à l’Université de Montréal et aime la vitalité culturelle montréalaise.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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