Conversations

Jacques Blondin : «Aimer c’est croire et espérer»

Photo Nicole Faucher

Par Nicole Faucher

Conversations

27 mai 2020

Maintenant à la retraite, Jacques Blondin a fait carrière durant trente-deux ans à la cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal. En entrevue, il partage son parcours peu banal. Des événements tragiques ont jalonné sa route et pourtant, à l’opposé, d’intenses moments de joie et de bonheur ont illuminé sa vie et l’ont rapproché de son Créateur.

 

Né de parents aimants, il a vécu une enfance saine et agréable à Côte-des-Neiges, où il a grandi et s’est épanoui en compagnie de sa sœur, de cinq ans son aînée. Vers l’âge de sept ans, il devient « servant de messe » à l’Oratoire Saint-Joseph et il poursuit ses études au Collège Saint-Laurent, ce qui affermit sa foi et l’amène à vivre en relation avec Dieu.

Il épouse, à l’âge de 20 ans, Madame Jean Armstrong et trois fils naîtront de cette union. « À cette époque, relate Jacques, les années s’écoulent dans le bien-être et la vie est généreuse pour moi. Paradoxalement, ma foi devient chancelante. »

 

Manifestations

 

Un jour, un confrère de travail l’invite à rallier le Cursillo (mouvement de renouveau évangélique); il accepte, tout en demeurant sceptique. C’est à compter de ce moment qu’il a compris l’importance du Seigneur dans sa vie; sa foi s’en est trouvée fortifiée. De multiples exemples de Sa Présence ont parsemé son existence, tel ce malheureux indigent rencontré lors d’une cérémonie religieuse, portant une robe de bure à capuchon, à la recherche de quelques pièces de monnaie.

 

En donnant, de tout mon cœur, j’ai eu la conviction profonde que le visage qui s’est découvert et révélé à moi était celui du Ressuscité… Je ne l’oublierai jamais.

Jacques Blondin

 

D’autres manifestations de la présence du Christ dans sa vie le marqueront profondément et il se sentira privilégié. Et il prendra la mesure, plus tard, de l’importance de ces événements extraordinaires lorsqu’il aura à affronter de graves épreuves.

 

Dévouement pour les plus fragiles

 

Toujours au service de leurs semblables, Jacques et Jean se sont dévoués plusieurs années de diverses façons. Ils ont hébergé entre autres trois Vietnamiens du Centre des vocations pendant trois ans. Les démunis de la société ainsi que les laissés-pour-compte reçoivent amour et compréhension de leur part. C’est peut-être grâce à sa fonction de policier que Jacques se sent responsable envers eux; en effet, les aider, les protéger constitue un impératif pour lui. Or, il va plus loin en œuvrant bénévolement à l’Accueil Bonneau durant quelques années.

L’implication de Jacques auprès des démunis ne s’arrête pas là. Avec son épouse, il accueille chez lui des personnes itinérantes aux lendemains de Noël et de Pâques afin de les inviter à partager un bon repas avec sa famille. Quel bonheur pour ces sans-abri! Ils reçoivent, en outre, quelques douceurs… Quelle gratification aussi pour Jacques, qui voyait le Seigneur dans ces pauvres

La liste des engagements de Jacques est longue. Il a également participé activement à la réalisation de l’Entraide pour jeunes sans-abri – mouvement encore très actif – à titre de directeur de projet, sans oublier son implication à la pastorale du baptême à l’église Sainte-Colette, durant cinq ans.

 

Jacques Blondin en service

 

Les épreuves se succèdent

 

Jacques a été confronté à de multiples épreuves, dont il a su émerger avec force et courage. En 1996, la vie s’écoule paisiblement, alors qu’il est atteint au plus profond de lui-même. Son fils aîné, âgé de trente-huit ans, perd la vie soudainement alors qu’il déambulait tout simplement sur le trottoir. Crise cardiaque foudroyante… Au même moment, Jacques acceptait de porter la Croix à la cérémonie du Vendredi Saint… Coïncidence? « Cette activité de la Semaine Sainte m’a incité à unir mes souffrances à celles du Christ », rappelle-t-il.

Un an plus tard, sa vie chavire de nouveau. Cette fois c’est Jean, son épouse bien-aimée, qui est atteinte, subissant deux anévrismes au cerveau coup sur coup. « Après deux mois de souffrance, elle nous quitte, paisiblement. J’étais dévasté, d’une tristesse sans nom », nous confie Jacques, encore sous l’emprise de l’émotion.

Un ami lui propose alors, dans le but avoué d’adoucir sa douleur, de s’impliquer dans la pastorale de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, ce qu’il accepte spontanément. Une rencontre, douce et réconfortante, va alors apaiser la douleur de Jacques…

 

Une lumière infiltre sa vie

 

Se dévouer auprès des malades soulageait ses souffrances. « Il m’arrivait aussi de me recueillir dans la chapelle de l’hôpital, où je retrouvais paix et réconfort », explique-t-il. C’est lors d’une de ces visites dans ce lieu paisible qu’une main secourable lui est tendue. Lucie, infirmière engagée dans la pastorale, s’adresse à lui, lui parle doucement, l’aide à cheminer dans son deuil et à apaiser son angoisse et sa douleur. Ce nom, Lucie, ne signifie-t-il pas « lumière » ?

Ainsi, grâce au soutien indéfectible de Lucie, l’espoir renaît.

Cependant, nul ne peut prévoir l’avenir. Malgré les heures douces qui refont surface, Jacques devra faire face à de nouvelles épreuves et un grand malheur s’abattra sur lui, un an plus tard. Cette fois, son fils cadet, âgé de trente ans seulement, sera emporté par un mélanome, une forme de cancer très agressif. Heureusement, Lucie veille à ses côtés.

Huit mois plus tard, sans doute affaibli par les nombreux événements des dernières années, Jacques subit de graves complications à la suite d’une chirurgie mineure. Admis aux soins intensifs, « c’est en grande partie grâce aux gestes professionnels posés par Lucie, infirmière aguerrie, que j’ai eu la vie sauve », relate Jacques.

Jacques nous rappelle que les manifestations qui se sont présentées dans sa vie l’ont rapproché de son Créateur. Ce sont ces manifestations, ces privilèges, qui l’ont aidé à vivre ses nombreuses épreuves en union avec Lui.

 

Le temps du bonheur

 

Les yeux remplis de joie, Jacques nous rappelle son bonheur présent. « Nous nous sommes mariés peu après. Nous vivons dans une magnifique harmonie de couple et nous sommes très heureux. »

Jacques peut ainsi profiter maintenant d’une vie intensément vouée à l’amour. « Aimer, c’est croire et espérer; aimer, c’est aussi pardonner et donner sa vie. Il faut réaliser que le bonheur est relié à la capacité d’aimer. »

 

À PROPOS DE NICOLE FAUCHER

Nicole possède une formation en communication de l’UQAM, qu’elle a mise à profit au milieu des affaires. Entre autres, elle a géré les communications internes à la sidérurgie d’État Sidbec-Dosco et a occupé le poste de directrice générale du magazine d’affaires MBA. Il faut noter sa passion pour les arts. En tant qu’artiste-peintre, elle a exposé de nombreuses œuvres au Québec et à l’étranger.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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