Chroniques

Faire ce qui est nécessaire ou ce qui est bien?

Par Miriam Castro et Denis Gauthier

Chroniques

20 août 2025

Crédit photo : Virginia Berbece / Unsplash

Au moment où nous écrivons ces lignes, les médias peuplent nos journées de nouvelles déstabilisantes. Nous y voyons l’un des visages les plus odieux du pouvoir, qui fait naître en nous un sentiment d’angoisse généralisée. Face à des oligarques au cœur fermé et au regard vide, totalement absorbés par la poursuite de leurs propres intérêts, nous nous sentons petits et impuissants devant les décisions qui sont prises sans nous, mais qui ont un impact considérable sur le cours de notre vie.

Jésus nous demande de ne pas céder à la peur, mais de placer notre confiance en Dieu, car il demeure toujours présent en nous et autour de nous. Ainsi, la situation actuelle peut devenir une opportunité précieuse de remise en question profonde, en tant qu’individus, institutions, et même en tant que nations. Dans nos sociétés laïques et plurielles, où le dialogue interreligieux revêt une importance particulière (Éphésiens 3, 2-12), l’annonce de l’Évangile nous interpelle : elle remet en cause nos façons de vivre, notre foi, et notre engagement quotidien.

Pour reprendre les mots du jésuite Anthony de Mello, «les gens qui traversent la vie avec des idées fixes ne se transforment jamais. Ils sont tout simplement inconscients de ce qui se passe. Ils pourraient tout aussi bien être des blocs de pierre ou de bois, des machines qui parlent, marchent et pensent».

À sa manière, Jésus nous a montré le chemin du plus grand bien, né d’un profond discernement moral et éthique, d’un amour véritable et d’une capacité authentique à s’engager pour le bien commun. Toutefois, dans l’histoire de l’humanité, combien de décisions, prises au nom de ce qui semblait nécessaire, ont ignoré ce qui aurait véritablement servi le plus grand bien?

C’est peut-être là que réside un enjeu fondamental de notre temps : redécouvrir en nous cette intelligence qui dépasse la logique ou le calcul stratégique. Notre intelligence est cette faculté remarquable d’appréhender le monde physique et matériel, de l’analyser, de le comprendre, voire de le transformer. Elle est aussi l’aptitude à s’élever vers des dimensions plus subtiles et pénétrantes de la réalité. Cette forme particulière d’intelligence – que l’on peut appeler «sagesse» – nous permet de relier notre esprit à l’invisible, d’éprouver la transcendance, de donner du sens à notre existence et d’approfondir notre relation avec le divin.

C’est précisément cette sagesse, enracinée dans la conscience, l’intériorité et le discernement moral et éthique, qui distingue fondamentalement l’intelligence humaine de l’intelligence artificielle. En soi, cette dernière n’a pas de conscience morale, elle ne comprend pas ce qui est «bien» ou «mal». Elle peut simuler des raisonnements, mais, malgré sa puissance croissante, elle reste confinée à des logiques programmées. Elle demeure étrangère à l’expérience intérieure, à l’intuition morale, à la quête de sens.

Dans cette perspective, nous portons en nous et nous seuls la responsabilité de devenir pleinement humains, capables de mettre tout en œuvre pour accomplir le bien suprême, qui vise l’épanouissement de chaque individu dans sa dignité et sa singularité. Cela implique d’agir avec discernement, en intégrant les avancées technologiques dans une conscience éthique et éclairée. Le véritable développement de l’humanité repose sur une vision harmonieuse, où la science et la foi ne s’opposent pas, mais se complètent, au service d’un avenir plus juste et plus humain pour nous-mêmes, et pour les générations à venir.

 

À PROPOS DE MIRIAM CASTRO ET DENIS GAUTHIER

Miriam et Denis forment un duo engagé à la tête de la Fondation Père-Ménard : elle en assure la direction générale, lui en préside le conseil d’administration. Passionnée de voyages et de cultures, Miriam possède une formation en administration et en gestion de projet, ainsi qu’une maîtrise en communication. Homme d’affaires, philosophe, ex-jésuite et fier de ses racines amérindiennes, Denis est un visionnaire rassembleur, profondément attaché à la nature et aux relations humaines. Ensemble, ils savent créer du lien, mobiliser les énergies et faire émerger des projets porteurs de sens.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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