Par sa manière d’être, par sa pensée et son agir, Eusèbe-Henri Ménard, a ressuscité en moi, d’une façon définitive, durant ma formation au Collège Saint-Jean Vianney, une existence présente et éternelle de ce Nazaréen, Jésus, fils de Dieu. On a tout en soi pour la réaliser, cette présence. On est une partie de l’identité de Dieu. Je suis UN.

Son enthousiasme contagieux nous transfigurait en Lumière rayonnante, ce qui nous permettait d’intensifier notre courage à témoigner de l’existence réelle de Jésus en nous et autour de nous.

Être juste avant d’être charitable, humaniser avant d’évangéliser : à l’exemple de Jésus, son amour se partageait avec toute l’humanité, sans exception; il était de tous les camps. À sa table, il recevait les riches comme les pauvres, les sans-abri et les ex-prisonniers qu’il réinsérait dans notre communauté d’étudiants adultes, formée de toutes les professions et de cultures différentes qui nous arrivaient du monde entier. Il voyait la présence de Jésus partout dans la Création.

Père Eusèbe-Henri Ménard et Denis Gauthier au Pérou en 1972.

Cet homme de foi était une source de guérison et non d’exclusion, tout comme Jésus dans les synagogues de Capharnaüm au début de sa vie publique proposait un enseignement nouveau qui dérangeait, mais qui faisait autorité.

Pour atteindre ses objectifs, le père Eusèbe a dû souvent bousculer les hautes autorités, car il possédait une vision de l’Église hors des sentiers battus. À l’instar de l’approche de notre Pape François actuel, le message évangélique devait transcender la structure organisationnelle de l’Église.

Vivre l’Éternité dans le présent

Son idéal était de former des apôtres, comme les disciples de Jésus, quels que soient leurs destins et leurs origines. Or, j’ai toujours espéré avoir son audace, ce courage nécessaire afin d’être en mesure de faire ma juste part dans la Création, tout en suivant religieusement la Volonté du Verbe Vivant et en partageant la devise de la Société des Missionnaires des Saints-Apôtres, cette phrase de Saint-Paul tirée de l’Épître aux Colossiens : «Par-dessus tout la charité».

L’objectif ultime du père Ménard était de vivre l’Éternité dans le présent. Au collège, il nous faisait sentir, en vivant réellement et totalement, notre moment présent en Jésus-Christ. La mort n’est qu’une étape, comme le passage du nouveau-né à la Lumière, comme la chenille qui se transforme en papillon.

Il nous faisait sentir notre résurrection quotidienne, notre détachement du matériel pour le spirituel; il aidait à faire disparaître notre ego et notre mental pour nous réfugier dans notre conscience et perfectionner l’exercice de notre discernement afin d’atteindre avec courage, et quotidiennement, le plus grand bien à réaliser. Il insistait pour que l’on remercie Dieu pour toutes les joies reçues en abondance.

Enfin, il incitait à partager ces biens reçus de telle sorte qu’il ne nous reste plus de temps pour nous plaindre, mais assez de temps pour réaliser Sa Volonté. En d’autres mots, le Pape François résume bien mon enseignement reçu du père Eusèbe:

Ne vous laissez pas voler votre désir de construire des choses belles et grandes dans votre vie! Ne vous contentez pas de petits objectifs ! Visez le bonheur, ayez le courage, le courage de sortir de vous-mêmes et de jouer votre avenir avec Jésus.

Pape François

La parole du père Eusèbe-Henri et du Pape François a une portée neuve, débarrassée des habituelles précautions rhétoriques, qui touche et qui frappe, au-delà du cercle des catholiques : le vaste public des chercheurs de sens. Ils s’inspirent de l’exemple de grands saints : François Xavier, Jésuite, comme missionnaire exemplaire et François d’Assise, Franciscain, comme défenseur des pauvres, des opprimés et de la paix. En somme, ils sont protecteurs d’une écologie intégrale de notre Univers terrestre, création de Dieu, avec la participation de l’Humanité.

Eusèbe H. Ménard fut un maître, disciple authentique, rempli de la Lumière de Jésus-Christ, qui m’a inculqué, et j’espère à jamais, cette recherche du dépassement de soi.

Heureux d’être un de ses disciples.

À PROPOS DE DENIS GAUTHIER

Homme d’affaires, président de la Fondation Père-Ménard, ex-jésuite et de descendance amérindienne, héritage dont il est particulièrement fier, Denis est un univers en soi. Un univers qu’il arpente patiemment et résolument, y semant projets mobilisateurs et fidèles amitiés. Amoureux de la nature, passionné par les humains, il sait convaincre et excelle dans l’art de s’entourer de personnes motivées et créatives qui sauront l’épauler et le suivre.

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