Suggestions de lecture

Dieu derrière la porte

photo Renée Thivierge

Par Renée Thivierge

Suggestions de lecture

23 octobre 2019

Pour le non-initié, cet ouvrage n’est pas facile à lire, mais je vous invite fortement à relever ce défi si vous vous interrogez le moindrement sur la place de Dieu et de la religion dans le monde d’aujourd’hui. Qu’est-ce qu’être croyant? Qui est ce «Dieu derrière la porte»? Quelle image prend la foi puisque tout change et tout évolue?

 

Simon-Pierre Arnold est un moine bénédictin, qui vit au Pérou depuis plusieurs décennies. Théologien et docteur en sciences de la communication, il s’intéresse à «l’avenir de la foi à partir du présent». La foi, c’est «ce qui reste quand il ne reste rien», affirme-t-il. Il ne s’agit pas de tout détruire, de tout remettre en question, mais de considérer cette foi comme un processus évolutif. Il propose donc une «approche intuitive» qui ressemble à celle vécue au «début du christianisme, quand il nous a fallu transplanter nos racines juives dans le monde grec».

Dans sa version espagnole originale, l’ouvrage s’intitule Era de la mariposa (L’ère du papillon), et cette métaphore illustre magistralement bien le propos du livre. «Nous entrons dans “l’ère du papillon”, où il nous faut nous libérer du rampement mental du ver mythique et de sa sécurité illusoire, pour entreprendre le vol libre, bien que fragile et éphémère, du papillon postmoderne.»

 

Dieu n’est pas un être séparé de nous

 

En même temps qu’une évolution, il est question de re-création. «Il nous faut réapprendre Dieu, l’être humain et le monde. C’est l’heure, littéralement, de recréer les grandes métaphores du divin et de l’humain à la lumière des nouvelles cosmovisions.»

Au fil des pages, nous vivons, comme lecteur, une recherche poussée à travers la Bible, et en particulier l’Évangile. Dieu n’est pas un être distant, séparé de nous. Pour l’auteur, «il est impossible de parler de Dieu parce que cela supposerait, précisément. Être séparés de lui, le planter dans un moule différent dont nous ne ferions pas partie.» Un chapitre entier est consacré à la femme où est abordée la «nouveauté radicale de sa pratique (celle de Jésus) face aux femmes.»

 

Toute tentative de réduire la femme à sa maternité ou à la pure intendance du foyer inhérente au modèle patriarcal, est dénoncée par Jésus. Sa communauté, au contraire, offre un espace original à la femme en tant que personne, et pas seulement comme mère et épouse.

Simon-Pierre Arnold

 

Simon-Pierre Arnold pose aussi un regard attentif sur la nature de la mission et se demande «quel sens donner à la dimension missionnaire de notre devenir disciple, dans le contexte d’un nouveau paradigme» et il propose de voir la mission comme «avant tout une relation» et affirme qu’«avant d’être un message à annoncer, elle est rencontre et débat».

Et pour illustrer son propos, de ce surprenant pape François qui «fait l’effet d’une bombe.» «Sans dogmatisme, imprégné de pastorale et de religion populaire, il remet le Christ au centre, faisant à nouveau du pauvre et de la pauvreté, de la miséricorde et de la loyauté, le cœur de l’Église, coûte que coûte.»

 

Simon-Pierre Arnold. Crédit photo : Sel et Lumière

 

En conclusion, l’auteur nous dit, entre autres, «renoncer à toute métaphore, à toute image, à tout concept, à toute référence, pour cheminer dans la fois, comme si nous nous laissions tomber dans le vide.»

Il suggère qu’il «y a un Dieu à dénoncer et un autre à laisser advenir. Il ne s’agit pas de rafistoler ce qui est vieux pour lui redonner l’apparence de nouveauté.» Il accepte le «Dieu qui est en train de mourir» de Nietzsche, et le concept d’une religion qui, «elle, ne meurt pas». «Bien plus, conclut-il, c’est précisément la mort de Dieu en nous qui permet à la religion d’entreprendre son processus de totale reconfiguration».

De toutes les manières, Dieu est toujours «derrière la porte».

 

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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