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Ce livre est un cours accéléré de philosophie où nous sommes invités à glaner des définitions ou des explications, à nous poser des questions sur les idées reçues, et bien sûr, à beaucoup réfléchir. Un livre difficile à résumer.

Serge Carfantan est un auteur prolifique, docteur agrégé de philosophie et spécialiste de la philosophie indienne et de la pédagogie de la philosophie. Il a enseigné à Bordeaux, Libourne, Parentis, Mont de Marsan et Pau et il est le webmestre du site Internet Philosophie et spiritualité.

Dès le premier chapitre, il fait le point sur la terminologie qui définit la croyance. Et quand on parle de religion, il faut bien sûr la penser au pluriel. En effet, David B. Barretti a «pu recenser plus de dix mille religions dans le monde. Et 150 d’entre elles ont au moins un million de fidèles.» Et d’ajouter, «rien que dans le christianisme, sur 238 pays et territoires attenants, il y aurait selon ses dires 38 830 confessions différentes.»

À quelques reprises, l’auteur nous convie à approfondir certains termes comme la naïveté et la crédulité. «Un esprit naïf, au sens premier, est sans idée préconçue, vierge de tout présupposé. La naïveté permet un rapport innocent, frais, ouvert et vivant au monde. Seule la naïveté peut accueillir ce qui est perpétuellement neuf. La crédulité est donc différente. Elle absorbe ce qui est vieux, les on-dit et les préjugés.»

Ou il nous fait réfléchir sur la notion de responsabilité par rapport à la culpabilité :

«Assumer la responsabilité d’un acte, explique l’auteur, c’est reconnaître que nous pouvons en répondre, que nous en sommes l’auteur et que l’acte ne va pas sans conséquence. C’est assumer l’acte, se reprendre de manière salutaire dans la perspective saine d’agir mieux dans le futur. Il est tout à fait possible qu’il y ait un sens très élevé de la responsabilité sans culpabilité.»

Serge Carfantan est loin d’être tendre vis-à-vis des religions lorsqu’il les associe au pouvoir.

Une religion, dès l’instant où elle devient une institution socialement acceptée, fonctionne dans la logique de pouvoir propre à une organisation ; ce qui veut dire le plus souvent, un pouvoir sur et non un pouvoir avec, donc une hiérarchie, des manigances, un empire sur les esprits, etc.

Serge Carfantan

Bien sûr, il y a une différence entre religion et spiritualité, mais d’après lui c’est l’esprit religieux qui trace ce chemin entre les deux concepts. «L’esprit religieux ne s’enferme dans aucune croyance et c’est pourquoi il peut exister un esprit religieux sans religion établie, sans organisation et sans culte. Son véritable nom est la spiritualité.»

La spiritualité constitue au fond une liberté par rapport à l’aspect dogmatique d’une religion. Et l’on doit reconnaître que «la spiritualité vivante transcende les religions, les dogmes et les credo et qu’elle ne se laisse enfermer dans aucune organisation.»

Il souligne au passage l’exemple de Ma Ananda Moyiii. Ceux qui venaient la rencontrer «repartaient en ayant le sentiment qu’elle était, pour l’un, chrétienne, pour l’autre hindoue, bouddhiste, musulmane, etc. Elle respectait la foi de chacun tout en le conduisant au seuil de l’Absolu, dans la dimension spirituelle.»

À la différence de la religion, «la spiritualité ne nous oblige pas à croire en quoi que ce soit, mais invite à porter son attention sur l’expérience personnelle. Le sens de l’esprit religieux ne réside pas dans la conformité avec un dogme, ni dans le fait d’appartenir à une église mais dans l’expérience d’un lien avec une dimension sacrée, avec la dimension divine de l’Être.»

À PROPOS DE RENÉE THIVIERGE

Journaliste, auteure, traductrice et dramaturge, Renée s’intéresse depuis toujours à la philosophie et à la spiritualité. La beauté et l’humain sont ses meilleures sources d’inspiration et elle croit passionnément au pouvoir des mots afin de repousser et teinter de poésie les limites d’un monde souvent filtré et médiatisé.

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.