Crédit photo : José Antonio Gallego Vázquez / Unsplash
Sur un chantier, tous les travailleurs avaient coutume de se retrouver pour manger ensemble sur l’heure de midi. Et, régulièrement, David se plaignait dès qu’il avait déballé sa boîte à lunch. «Ah! Encore des sandwichs au beurre d’arachides et à la confiture! Je déteste le beurre d’arachides et la confiture!»
Jour après jour, David se lamentait sur ses sandwichs. Les semaines passèrent et son attitude commença à agacer les autres. Finalement, l’un d’eux lui dit : «Hé David, si tu détestes tant le beurre d’arachides et la confiture, pourquoi ne demandes-tu pas autre chose à ta conjointe?»
«Comment ça, ma conjointe?, réplique David. Je vis seul. C’est moi qui prépare mes sandwichs.»
Une journée est une vie en soi
Dans la vie, nous préparons tous nos propres sandwichs. Nous sommes à la fois le problème et la solution et nous avons toujours le choix. C’est le vieux dilemme du verre à moitié vide ou à moitié plein où nous voyons deux dimensions de la même réalité. Tout comme pile ou face d’une pièce de monnaie sont deux facettes d’une même entité, laquelle ne perd nullement sa valeur, qu’on la regarde du côté face ou pile. Bref, nous pouvons décider de vouloir ce qui arrive, et l’assumer ou nous en plaindre.
Plusieurs diront que la sérénité et le courage que l’on est porté à vivre pendant la jeunesse tiennent aussi en partie à ce que, gravissant la colline, nous ne voyons pas la mort située au pied de l’autre versant. Or, la mort fait partir du cycle de la vie. En respirant, on se tend en gravissant la colline de l’air dont on a besoin pour faire le plein, puis on se détend jusqu’au pied de l’autre versant pour faire le vide.
Une journée est une vie en soi. La mort la termine. Nous nous éveillons, nous gravissons la colline et nous savons qu’à la fin de notre temps d’éveil, vide d’énergie, l’autre versant nous attend pour refaire le plein. Il en est de même pour tous nos besoins essentiels.
N’attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites, décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux.
Épictète
Tomber dans le vide
Que ce soit le plein ou le vide, le tout fait partie de nous et l’un a autant de valeur et de raison d’être que l’autre. Cependant, le plein est lié à la satisfaction et le vide à la déception. On se sent vide lorsqu’on n’obtient pas ce qu’on souhaite ou qu’on vit une mauvaise passe ou que l’autre nous déçoit, nous frustre. On tombe dans le vide lorsque les choses n’arrivent pas comme elle le devraient, comme on les veut.
La vie n’est ni avant ni après. Les désirs, les attentes, les souhaits sont dans l’après-présent et peuvent prendre tellement de place dans notre tête qu’on ne ressent plus la vie qu’on est en train de vivre.
Lorsqu’on désire le verre à moitié plein de satisfactions, il se retrouve à moitié vide de déceptions ou de frustrations. C’est comme un château de cartes qui s’écroule en nous et on rejette cet état d’être. Pourtant, c’est grâce au vide que l’appétit émerge. Ainsi en est-il d’un vide existentiel : il est en soi un déclencheur de motivation à apprendre sur soi-même.
À PROPOS DE DENIS GAUTHIER ET PIERRE BRULÉ
Denis est philosophe et Pierre, psychologue. Tous les deux sont détenteurs d’un MBA des universités québécoises. Ils se sont connus durant un cours en philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et ils ont co-écrit le livre Se voir autrement. La conscience et son pouvoir. Aimant la nature, l’humain et les défis, ils se lancent dans l’aventure d’écrire ensemble cette chronique spirituelle.
Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.
